Les trois sujets proposés par des lecteurs qui m’ont été attribués sont regroupés grosso modo autour de la thématique des valeurs. Dans notre société axée sur la performance tous azimuts, on parle beaucoup de mise en forme, suggérant différents exercices quotidiens bénéfiques pour la gérance du stress. Les valeurs sur lesquelles nous fondons notre vie seraient-elles des facteurs plus ou moins générateurs de stress ou de mieux-être? Pourquoi ne pas y réfléchir au moins 15 minutes, le temps d’un blogue, d’un commentaire sur :
– les relations interpersonnelles au travail (semaine du 21 février)
– les valeurs dites québécoises (semaine du 28 février)
– les notions si prisées d’éthique et de justice (semaine du 7 mars)
Semaine du 21 février : S’OUBLIER, OUI MAIS…
«Les rapports interpersonnels au travail (gérer le stress et rester charitable)»: ce sujet a été proposé par un lecteur anonyme (mardi 22 février 2011 – 15:09)
Le stress au travail, qui influe sur nos humeurs et donc nos relations, provient de sources variables, incluant nous-mêmes. Sur ce point particulier, je vous propose l’exemple d’un ancien de mes patrons avec lequel je suis devenu ami. Il s’est retrouvé veuf au début de la trentaine avec quatre jeunes enfants. Il les a élevés seul tout en occupant un emploi à temps plein. Il m’expliquait qu’au bout de peu d’années d’un service ininterrompu auprès de ses enfants et à son travail, il se sentait très près d’être à bout de ressources. Il constatait le besoin de se récréer, d’améliorer son hygiène mentale, sans quoi il mettait en péril le soin de sa famille et son travail. Il aménagea son emploi du temps de manière à inclure des moments de gratification personnelle et il évita ainsi un dérapage qui aurait pu être fort malheureux.
Des gratifications personnelles… S’agit-il d’un égoïsme déguisé ou bien d’une manière de gérer ses ressources en vue d’un service durable? Personnellement, je fais le rapprochement avec le proverbe: «Charité bien ordonnée commence par soi-même». Pour bien gérer le stress et demeurer «charitable» envers les autres au travail comme ailleurs, je crois qu’il importe de se traiter avec la même prévenance et bienveillance que celle dont nous voudrions entourer les autres.
Que vous en semble?
Patrick Trottier
Monsieur Trottier,
Votre propos me porte à faire les commentaires suivants:
Parfois le travail n’est pas situé à la bonne place dans mon échelle de valeurs.
Les exigences du marché du travail peuvent être démesurées. Dans ce cas il faut voir pourquoi je ne clarifie pas la situation avec mon employeur; c’est sa part.
Pour ce qui est de ma part d’employé : Qui arrive chez soi et oublie complètement les problèmes de son travail pour se livrer aux autres activités du quotidien? Ne serait-ce pas une façon de réduire le stress engendré par le travail que de l’oublier quand je n’y suis pas? C’est un exercice en soi.
Une autre réflexion : je constate, bien sûr, qu’il faut des moments de gratification pour garder l’équilibre et vivre pleinement notre rôle dans la société. Toutefois on dirait que «gratification » est synonyme de « pour moi et moi seul » et je me stresse parce que je ne peux pas entrer dans mon horaire l’activité qui justement serait une gratification pour moi.
Je crois qu’il est primordial de trouver gratification aussi dans ce que l’on fait au jour le jour. Pourquoi ce ne serait gratifiant de s’occuper des enfants? De voir à la qualité de la vie de ceux qu’on aime? Les tâches dites « ménagères » sont-elles seulement des fardeaux? La gratification doit-elle être uniquement pour bercer notre « égo »? Je cite M Marchand qui est intervenu sur le blogue de Colombe Le Roy : “Pour être heureux, il faut aimer, aimer c’est se donner, s’ouvrir à l’autre donc abandonner son « Égo ».”
Très souvent ce n’est pas la chose que l’on fait mais l’esprit dans lequel on fait cette chose qui la rend gratifiante ou accablante
Ceci dit, je suis pleinement d’accord qu’il faut des moments de gratification.
Et si on offrait aux autres ces moments, ce serait sans doute très gratifiant pour soi.
Les exigences du marché du travail sont démesurées : c’est un fait pour l’employeur comme pour l’employé…mais il faut bien travailler!!! À moins d’y mettre le syndicat et encore!!! Et quand vous faites partie du personnel cadre???
Heureux ceux et celles qui peuvent se permettre de ne pas apporter leur travail chez soi…mais qui ont leur journée dans le corps quand ils elles arrivent chez soi…et cela, plus ils, elles vieillissent.
Les hommes et les femmes qui ont une jeune famille parlent du «2e chiffre» quand ils font référence au travail qui les attend en rentrant à la maison. Ceux qui ont les moyens se paient une femme de ménage, on cuisine peu… on ne s’occupe pas toujours comme il faudrait des enfants…
Les manuels, les intellos, les sociaux trouvent dans des travaux différents leur gratification… Vous ne connaissez pas l’ennui d’un travail routinier?… le stress d’un travail exigé dans des conditions «étroites», qui ne laissent aucun répit?… la difficulté de travailler sous contrainte sans trouver d’intérêt à ce qu’on fait?
Prendre en considération le moi ne veut pas dire être égocentré.
«L’homme n’est ni ange ni bête et le malheur veut que qui veut faire l’ange fait la bête».
J’ai vu des personnes «workoliques» qui ne voulaient pas se la «couler douce», rigides, axées sur ce qui est à faire au détriment de leur humanité ou encore exécuter leur travail sans âme, mécaniquement et d’autres, rien faire sous prétexte de dire quoi faire.
La citation de M. Marchand explique le moteur de la vie humaine, du dépassement : l’amour. Mais l’amour n’est pas désincarné et se donner à l’autre est un acte libre.
@Poil de carotte
Ouf ! Ça va ? Pour ma part je trouve que vous avez raison de dire que ce n’est pas facile du tout. Je me fais souvent la réflexion suivante : si tout le monde va à 140 km/heure sur la route, nous ne pouvons faire du 90 km sans nous faire foncer dedans. Et il faut gagner sa vie. En réfléchissant à la question de la vitesse de croisière, je me suis dit : il faut avoir une bonne voiture, performante, c’est-à-dire avec une bonne santé mentale et physique et savoir sortir de la route au bon moment avant de faire du surmenage. De cette façon nous pouvons reprendre la route. Comment cela peut-il se faire. C’est à chacun de le voir concrètement. Dieu ne peut nous abandonner tout de même. Nous devons lui faire confiance. De toute façon si nous voulons Le suivre, nous avons déjà été avertis que nous n’aurons aucun endroit où reposer notre tête. Cela signifie-t-il que nous devons nous tourner vers les autres en les gratifiant comme le proposent M. Marchand et Gaby ?