Si j’ai pu évoquer une certaine perte d’identité de la personne lorsque celle-ci est «statufiée» lors d’une canonisation (Assimilation et perte d’identité), je me demande si nous n’avons pas affaire à un processus de nationalisation des sanctuaires qui nous empêche de saisir leur apport autrement que localement : par exemple, Jacques de Compostelle en Espagne, Notre-Dame de Guadeloupe au Mexique, l’Oratoire Saint-Joseph au Québec, Canada, et ainsi de suite.
La dimension universelle d’un sanctuaire, son insertion dynamique dans l’histoire commune de l’Église, sont éclipsées au profit de l’insertion régionale qui, bien que réelle, demeure «nationalocentrique». On est alors convié à une expérience d’inculturation: «Venez visiter notre saint local! Venez goûter à la spiritualité propre aux gens d’ici et admirer notre patrimoine d’art religieux!».
Dans les sociétés laïques ou en voie de l’être, le sanctuaire prend des airs de musée haut de gamme. Et, s’il est répertorié dans le guide des pèlerinages touristiques cinq étoiles, son droit de cité est assuré; il acquiert ses lettres de noblesse séculière et les subventions qui vont avec.
Le sanctuaire acquiert définitivement un prestige, mais que reste-t-il du projet original, du charisme propre au lieu dit «Oratoire Saint-Joseph»?
Francine D. Pelletier
Demain : « Dévotion et privatisation »