La porta del cielo

«En vérité, en vérité, je vous le dis, vous verrez le ciel ouvert et les anges de Dieu monter et descendre au-dessus du Fils de l’homme.» (Jean 1, 51)

Sainte Marie des Anges. Il y a en chrétienté un lieu où apparaissaient des anges.

Portioncule. Un petit monde. Il paraît que nous avons tous en nous un petit homme, un homoncule qui nous représente dans notre entier. Le monde a une portioncule.

Mais la portioncule c’est aussi une porte. Un autre petit point dans l’espace ouvert sur l’immensité. François en avait la conviction intime. N’avait-il pas ressenti ce flot de grâces débordant du ciel?

«Une nuit, François priait dans la chapelle de Notre-Dame des Anges, lorsque éclata un violent orage. L’air était lourd et étouffant: une atmosphère de four où ne bougeait pas une feuille. Les frères s’agitaient sur leur couche, sans trouver le sommeil. Sans cesse, l’éclair tailladait le ciel noir, derrière les monts. François, ruisselant de sueur, était absorbé en Dieu et demandait pardon pour les péchés des hommes. L’orage approchait de plus en plus. Brusquement, un grand vent se leva qui fit hurler et craquer les arbres. Le ciel s’ouvrait et se fermait comme une gueule de feu et de flamme. Mais la pluie ne venait pas. Seules des colonnes de sable chaud passaient en tourbillons fous, et le tonnerre secouait le monde. François levait des yeux suppliants sur la Madone qui dans les éclairs semblait s’allumer et s’éteindre tour à tour. «Pardon! Pardon!» implorait-il d’une voix rauque. Et soudain, comme dans une gloire de mille éclairs fondus ensemble, il vit au-dessus de l’autel une belle apparition. Dans une nuée d’anges diaphanes, pareils à des millions de soleils, Jésus rayonnait, avec sa Mère. Et la voix musicale de Dieu chantait aux oreilles et dans l’âme de François: «Que veux-tu que je fasse pour le secours des pauvres pécheurs?» François sanglotait de pur bonheur. Mais que devait-il répondre? Que dire quand Dieu vous demande quelque chose de cette façon, à brûle-pourpoint? Pourtant, sa supplique montra, comme à son insu. «O Dieu, mon Seigneur! Pardon pour tous ceux qui, après s’être confessés en bon repentir, visiteront cette église. Pardon!» Et il levait les bras vers Jésus et la Vierge.
Jésus regarda sa Mère comme pour la consulter. Elle fit signe que oui, et alors il entendit» que c’était bien, mais qu’il devait d’abord en parler au Pape».
                     (La harpe de saint François, Félix Timmermans)

François était donc sur la terre sous une porte ouverte sur les cieux d’où les anges débordaient. Un centre du monde.

Il y a en effet sur la terre des «centres du monde». Mircea Eliade l’a bien démontré dans ses oeuvres. On érige dans ces centres, des stèles, des colonnes, on y place des temples. Ces lieux existent, ils font partie de l’espace de notre monde qui n’est pas uniforme et plat.

C’est la raison pour laquelle les hommes font des pèlerinages. L’acte de foi suprême des musulmans est le pèlerinage à la Mecque parce qu’il y là un centre du monde, marqué par une pierre, dans la Kaaba. Cette pierre serait tombée du ciel, d’où l’idée d’une porte ouverte sur le ciel.

Mais tous les centres du monde n’ont pas la même force, la même ouverture sur l’immensité. Les centres du monde chrétiens découlent du centre de l’humain, Jésus, le Christ, l’Unique. L’homoncule de l’humanité.

C’est pour cela que ceux de l’autre lignée se greffent systématiquement sur ces centres vraiment centraux, comme des parasites et des monstres qui se montrent, des furoncules.

C’est ainsi, qu’encore une fois aujourd’hui, juste au côté de la basilique de François se dressait l’échafaudage, ou l’échafaud, d’un spectacle son et lumière offert à Nostra Madre Terra.

Mais si François aimait la terre, notre soeur la terre, c’est parce qu’elle est fille, fille d’Elohim. La terre n’est pas mère, elle est soeur. Soeur des cieux.

«Au commencement, Elohim, le Dieu multiple et un, créa les cieux et la terre» (Gn 1,1)

Et les cieux et la terre étaient unis.

Et Jésus, par sa croix élevée de la terre vers les cieux, unit les cieux et la terre et ouvre les portes du Paradis.

Jean-Marc Rufiange

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