Le combat sinon le débat sur la confessionnalité de l’enseignement s’étend sur des décades, en Europe comme au Canada. En France, il fut pour ainsi dire épique. On pourrait penser que la laïcité est le cheval de bataille des « laïcs ». Pas exclusivement. Les progrès de la laïcité se font souvent avec le consentement d’une partie du clergé, ou le concours d’anciens prêtres ou séminaristes.
Par exemple, en France, l’avènement d’une république française laïque à l’aube du vingtième siècle s’est opérée, entre autres, sous la direction d’Émile Combes (1835-1921), surnommé « le Petit père Combes », ancien séminariste.
De 1901 à 1904, plus de 2 500 établissements d’enseignement privé sont fermés. Toutes les congrégations de femmes sont dissoutes et seulement cinq congrégations masculines sont épargnées. Pour Émile Combes, la lutte contre l’Église est une manière de « glorifier » la République.
Beaucoup d’écrivains de la Contre-Réforme se sont intéressés à cette période de l’histoire, polarisant le débat en termes de gauche et de droite, de progressisme et d’intégrisme. Au-delà de ces catégories stéréotypées, l’Église étant elle-même une société, on peut comprendre que sa « constitution confessionnelle » soit impliquée dans les transformations sociopolitiques qui reconfigurent les États.
André Bessette obtient la permission d’édifier une chapelle dédiée à Joseph sur le Mont-Royal dans ce contexte, le 7 octobre 1904, alors que l’effort de républicanisation se fait de plus en plus puissant et général à travers le monde, s’emparant des domaines auparavant occupés par l’Église, notamment l’éducation.
À l’époque, malgré l’instauration de la laïcité, des républicains français admettaient qu’il était pratiquement impossible de déchristianiser la France. Le développement inattendu et considérable que connaîtra l’Oratoire Saint-Joseph, au cours de cette période si peu favorable à l’Église, n’est-il pas lui aussi le signe de la profondeur des racines chrétiennes au Canada, et au Québec en particulier ?
Francine D. Pelletier
Demain : « Question de vie et de mort »
C’est avec beaucoup de plaisir et de sérieux que je vous lis à chaque matin. Depuis quelques jours, vous démontrez efficacement comment l’Église peut facilement s’auto-détruire de l’intérieur, comment l’esprit révolutionnaire et communiste peut faire du dommage, surtout en période de crise. Je ne savais pas que l’Oratoire avait été érigé dans ces circonstances, dans le cadre de la nomination de Joseph comme patron de l’Église et dans une crise politique aussi intense. Ce n’est pas étonnant qu’on s’attaque à l’Oratoire et qu’on cherche à diminuer son importance. Comme l’Église est chanceuse d’avoir St Joseph comme patron et protecteur. Sans lui, où serions-nous?
@Marilyn
En effet, où serions-nous sans Joseph? En ce moment, à onze jours de la canonisation d’André Bessette, je me demande aussi: avec Joseph, que ferons-nous? Tout ce que je découvre au cours de la rédaction de mes blogues me fait prendre conscience de la portée que revêt la canonisation de quelqu’un dont le charisme était de conduire à Joseph. Est-ce l’heure de Joseph, au sens où une compréhension plus grande de ce qu’il est et de ses rapports à Marie et Jésus, mais aussi à Dieu, renouvellerait d’une certaine façon le visage de l’Église? Cette meilleure connaissance de Joseph nous donnerait-elle une idée plus complète de l’histoire du monde, une histoire moins tragiquement autodestructrice, une histoire qui a une visée porteuse d’espérance?
@Marilyn (suite)
Parlant d’espérance, j’espère que j’aurai le plaisir d’avoir de vos commentaires à nouveau. Il me semble que le fait d’échanger ainsi «incarne» en quelque sorte nos réflexions. En plus, elles deviennent conviviales. C’est motivant, stimulant, encourageant pour chacun.
Merci.
Je ne sais pas comment André Bessette se situait par rapport à eux mais il est un autre groupe d’ennemis de l’église dont on ne parle plus jamais et ce sont les Francs-Maçons. Je connais moi-même quelques Francs-Maçons qui voudraient bien nous faire croire qu’il ne sont qu’un groupe de copain qui se réunissent innocemment autour de symboles plus ou moins archaïques. Mais il ÉTAIT de notoriété publique que la maçonnerie voulait détruire l’église, «le Petit père Combes », ancien séminariste, en était sûrement un et il exprimait bien ce projet en proclamant que la lutte contre l’Église est une manière de « glorifier » la République.
Il faudrait être drôlement naïf pour croire que ce groupe est inactif au Canada. Le problème est que les autorités n’en parlent pas, soit parce qu’elles craignent toutes formes de controverses soit parce qu’elles sont elle-mêmes compromises comme vous le sous-entendez dans vos textes.