La conjonction et la conjoncture parfaites

En 1416, un chancelier de l’Université de Paris, Jean Le Charlier Gerson, a utilisé dans un discours une expression qui m’a particulièrement frappée. Elle est pour ainsi dire à la base de la démarche de connaissance et de reconnaissance de Joseph que j’ai entreprise avec vous depuis le 18 juillet. Gerson a présenté le mariage de Marie et de Joseph comme signifiant «la plus parfaite union et conjonction qui soit».

Dans mes blogues, je me suis appliquée à écrire au mode conjonctif, plus particulièrement à réfléchir sur la signification de certaines conjonctions ou «rencontres» au sens large, qui me semblaient dire quelque chose de Joseph, dans le contexte de la canonisation d’André Bessette. Or, le mariage entre Marie et Joseph est, comme l’affirme Gerson (personne ne l’a contredit), la conjonction parfaite. Cette conjonction m’apparaît être au fondement de la compréhension des rapports humains, dont celui entre la femme et l’homme, mais aussi des rapports entre la Trinité (Dieu) et l’Église, et, plus généralement, des rapports entre Dieu et l’humain, de toutes choses du ciel et de la terre.

Je veux également relever un autre aspect qui est à mon sens indissolublement lié à ce que je viens de «conjecturer». Puisque le mariage de Marie et Joseph constitue la parfaite conjonction, il permet l’avènement de la parfaite conjoncture historique: celle de l’Incarnation de Jésus, fils de Dieu et fils de l’Homme.

Yeshua’, fils de Miryam et de Yoseph, eux-mêmes fille et fils de David. En utilisant la forme hébraïque de leurs noms, porteuse de leur vocation, je veux attirer l’attention sur les implications incommensurables et en même temps déterminantes de l’Incarnation… dans la lignée de David. Ne pas tenir compte de cette filiation peut nous conduire à une sorte de «désincarnation» de l’identité de Jésus, Marie et Joseph, et donc de la visée de Dieu dans l’histoire, notre histoire.

J’ai la conviction profonde que les prises en compte de cette conjonction et de cette conjoncture parfaites sont au cœur de la résolution des divisions dans l’Église et dans le monde.

Francine D. Pelletier

Demain : « La conjonction et la conjoncture parfaites (2) »

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2 Responses to La conjonction et la conjoncture parfaites

  1. Hélèna dit :

    Bonjour, serait-il possible d’élaborer un peu plus sur la forme hébraïque des noms mentionnés, car pour ma part, je ne saisis pas bien de quelle manière ces noms sont «porteurs de leur vocation»?

    Merci encore, c’est tellement intéressant!

  2. Francine D. Pelletier dit :

    @Hélèna

    Bonjour, Hélèna!

    Dans nos sociétés, même si le prénom d’un enfant n’est pas expressément pensé en lien avec l’idée de sa «vocation», on le choisit tout de même avec beaucoup de soin, pour différents motifs. «Vocation» vient du verbe latin «vocare» qui signifie «appeler». On appelle quelqu’un par son nom. On peut donc voir le lien qui s’établit entre appel­-vocation-nom.

    Pour le peuple d’Israël, le nom de l’enfant revêtait une importance particulière et c’était probablement d’autant plus vrai quand l’enfant était de la lignée de David. Dans le cas de «Yeshua’» (Jésus), le sens du nom apparait clair et en quelque sorte documenté car l’ange de l’Annonciation dit spécifiquement à Joseph: «tu lui donneras le nom de Jésus, car il sauvera son peuple de ses péchés» (Matthieu 1,21). Or, Yeshua’ signifie «le Seigneur sauve» en hébreu.

    Puisque nous n’avons pas de confirmation «angélique» à propos du sens des noms de Miryam (Marie) et de Yoseph (Joseph), on doit prendre en compte que la langue hébraïque est polysémique, c’est-à-dire qu’un mot en hébreu comporte plusieurs sens qui convergent et même divergent, ces divers sens contribuant ensemble à lui donner son épaisseur sémantique.

    Dans le cas de Miryam, qui peut dériver de mar-yam signifiant «goutte de mer», on retrouve entre autres les sens suivants: «fortes eaux ou eaux de la force»; mais d’autres sens évoquent: «l’aimée» ou bien encore «celle qui élève». Dans le cas de Yoseph, du verbe yasap, on obtient, entre autres, les sens de: «que Yahweh ajoute, augmente, fasse à nouveau».

    Je ne serais pas prête, tout de suite, à présenter une interprétation des noms de Miryam et de Yoseph, d’autant plus que je ne suis pas une experte en langue hébraïque ou en étymologie en général.
    Cependant, je dois dire que le rapprochement entre le sens «celle qui élève» pour Miryam et le sens «que Yahweh ajoute, augmente, fasse à nouveau» pour Yoseph, me suggère quelques idées. Et vous?

    Il serait non seulement très intéressant, mais aussi révélateur, j’en suis sûre, si quelqu’un connaissant la langue hébraïque pouvait apporter d’autres éléments nous permettant d’apprécier la portée de sens de ces noms.

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