La notion d’enfer est présente dans toutes les écoles bouddhiques, et ce, depuis toujours. Mais cet enfer métaphysique, sujet d’interprétations diverses, devient au fil du temps, un enfer physique. De plus, les différentes traditions ne s’entendent pas sur le nombre d’enfers. Certains en dénombrent 18, d’autres 40, et d’autres jusqu’à 272 au total. Enfin, ces lieux de supplice peuvent être brûlants ou glacés.
Je rapporte ici textuellement la description, trouvée sur internet, de quelques enfers brûlants:
• Le Sanjva : reçoit les violents, ceux qui ont tué et battu les êtres; ils y sont battus à leur tour. Ils se déchirent les uns les autres avec des ongles de fer et se «croient» morts; mais l’action d’un vent froid les fait revenir à la vie; c’est l’enfer des «ressuscités».
• Le Kâlasûtra : pour les menteurs, les mauvais fils, les faux amis, sont fendus et sciés comme des troncs d’arbre, suivant un «fil noir» etc. Dans ce domaine, l’imagination n’a pas de limite. Ce lieu est surtout réservé à ceux qui ont manqué de respect à leurs père et mère, et au Bouddha.
• Dans le Sanghâta, les meurtriers d’animaux sont l’objet d’un «carnage complet». C’est l’enfer où les montagnes tombent sur les damnés, les broient et les réduisent en bouillie. Il y a aussi des éléphants en fer qui les foulent aux pieds et les mettent en pièces, etc.
Pour les occidentaux que nous sommes, qui ne voient dans le bouddhisme que son côté zen très détaché, d’un calme «nirvânique», nous sommes surpris de constater à quel point ces descriptions de l’enfer sont au moins aussi effrayantes que celles véhiculées dans les traditions chrétiennes.
Par ailleurs, dans le bouddhisme, les états infernaux sont compris dans un cycle de réincarnation. Ils ne constituent donc pas une punition éternelle. En fait, la réincarnation elle-même est un lieu de souffrance et de réparation, une sorte d’enfer, ou plutôt une sorte de purgatoire, qui donne à un être l’occasion de se reprendre en pratiquant la maîtrise de soi et en faisant du bien à son entourage.
La souffrance serait-elle envisagée comme un moyen privilégié de purification du mal moral, même après la mort?
Colombe LeRoy
Demain : «Islamisme: degrés d’enfers»