Parler de la famille, assez curieusement, nous met en lien direct avec la mort. Nos ancêtres. Notre hérédité familiale. Tous les psychologues interrogent le passé lorsqu’ils ont à traiter un patient. Les questions posées : « Quels sont vos antécédents familiaux », « Avez-vous eu un traumatisme dans votre enfance ?», « Ça va bien à la maison ? ».
Peut-être le saviez-vous déjà mais permettez-moi de le rappeler ici, André Bessette a perdu son père à l’âge de dix ans et sa mère à l’âge de douze ans. Tous les psychologues seront d’accord pour dire qu’il s’agit là de traumatismes majeurs. Il a eu, j’en suis certaine, à souffrir toute sa vie de ces deux traumatismes, d’autant plus que la famille a été disséminée à la suite du décès du père car la mère ne pouvait subvenir aux besoins de ses dix enfants.
Beaucoup de gens actuellement vivent dans un climat familial difficile et sont mises dans des situations traumatisantes, d’un autre genre. Ce retable ne fait abstraction de personne et nous concerne tous. Dans la nouvelle prière du retable intitulé « Joseph, soutien des familles », la phrase suivante : « Soutenez notre engagement dans les liens affectifs, où le don et le pardon participent à la réalisation de notre identité » n’est-elle pas déconnectée de la réalité ? Qui peut, à votre avis, réaliser son identité de cette manière ? Aujourd’hui, les liens affectifs sont complexes; ils se « brisent » et se « reconstituent » suivant les aléas de rapports sentimentaux plus ou moins précaires.
André Bessette a prié Joseph pour qu’il l’aide à vivre « le manque à gagner » de sa vie familiale personnelle. Exaucé ? En tout cas, ses traumatismes vécus ne l’ont pas empêché de réaliser l’œuvre de la construction d’un Oratoire à Joseph…
Colombe LeRoy
Demain : « Joseph, protecteur de l’Église »
Bonjour Colombe, j’avais jusqu’à maintenant plaisir à vous lire. J’aurais dû intervenir pour vous le dire avant, mais voyez-vous, je me sens comme vous et je réagis… à ce que vous dites depuis quelques blogues…
Vous me semblez assez fort en réaction face aux responsables de l’oratoire dans leurs efforts de renouveler les prières à St-Joseph. J’admets que certaines tournures sont malhabiles et que certaines formules sont peut-être un peu biaisées par les goûts du temps mais il reste que ces prières avaient vraiment besoin d’être repositionnées selon les exigences de la foi d’aujourd’hui. Peut-être pourriez-vous leur faire des suggestions? Où à tout le moins nous en faire? Pour l’instant j’ai surtout l’impression que vous voudriez en rester au statu-quo.
@ Jean-Jacques Ferland-Simard e.c.
Bonjour, Jean-Jacques. Vous avez raison de dire qu’il ne faut pas rester en réaction. Il faut relever les manches, faire des suggestions. Cela peut nous aider à nous calmer. Peut-être seront-ils très ouverts à mes prières renouvelées ou à mes suggestions. Je pourrais effectivement prendre cette initiative. Je vais y penser.
Quant au « statu quo » de ma démarche, je dirais que l’exercice que je fais présentement me fait prendre conscience des écueils que l’on rencontre lorsqu’on veut actualiser. Si ceux qui reçoivent une formation théologique et spirituelle peuvent être malhabiles, comme vous dites, je pourrais éventuellement essayer de faire mes propres suggestions, même malhabiles, en m’efforçant d’éviter les écueils que j’aurai découverts au cours de cet exercice.
Entre temps, je cherche depuis quelques semaines les anciennes prières, avant qu’elles ne soient recyclées. Je ne trouve rien sur internet. Étant donné que je suis super occupée avec ces blogues jusqu’au 17 octobre, je suis donc un peu à court de temps pour continuer ma recherche. Si vous avez quelque chose, n’hésitez pas à m’en faire part.
Cette fois j’aime votre réaction à ce que je vous avais reproché et vous faites de nouveau preuve de la sagesse que je perçevais dans vos écrits antérieurs. J’en suis fort heureux et édifié.
La question du contenu des prières traditionelles est très difficile. Je me suis moi-même déjà essayé à des exercices de traduction, si je peux employer ce mot, et je me suis vite aperçu de l’immense difficulté que cela représentait et j’ai abandonné. Je pense qu’il faut louer le courage de ceux qui s’y appliquent.
Je continu d’espérer que l’on trouvera dans l’église des gens, des laïcs particulièrement, qui sauront faire ressortir l’importance de St-Joseph pour vivre notre foi aujourd’hui. Merci beaucoup à vous et vos amis.
@ Jean-Jacques Ferland-Simard e.c.
Merci de vos encouragements. Il y a toutefois une question qui me trotte dans la tête : pourquoi en sommes-nous rendus au point que nous ne pouvons plus écrire des prières ? Est-ce que vous trouvez cela normal ? Je suis certaine que Dieu va susciter quelque chose dans l’Église, mais ça me chicote tout de même…
Peut-être avons-nous perdu une certaine naïveté? Les sciences modernes, la psychologie moderne en particulier changent le portrait que nous avions de la religion. Peut-être sommes-nous trop solicités, surmenés, surchargés de considérations de toutes provenances. Peut-être avons-nous besoin de nous re-centrer sur quelque chose de ferme. Je ne sais pas, mais votre question mérite réflexion.
@Colombe
Quand j’ai lu la prière écrite pour « Joseph, soutien des familles » : « Soutenez notre engagement dans les liens affectifs, où le don et le pardon participent à la réalisation de notre identité » et votre commentaire : « Qui peut, à votre avis, réaliser son identité de cette manière ? », j’ai décidé de chercher la définition du mot identité sur internet.
Je suis tombée sur un site de psychologie. On dit que : « Le processus de SÉPARATION du nourrisson de sa mère serait à la base de la construction de l’identité, extrêmement intime et ressentie à ses débuts ».
Alors, je me suis posée la question : n’est-ce pas plutôt la séparation ou le détachement des liens affectifs qui permet l’épanouissement de l’identité personnelle? Il est même écrit dans la Genèse; « L’homme se séparera de sa famille pour s’attacher à son épouse ».
Donc, il y aurait une voie de séparation normale à suivre.
@Martine Rivard
Ah! Voici une belle trouvaille qui nous met sur une piste sérieuse au niveau de l’identité. Et la psychologie nous vient en aide. La mère aurait un rôle de premier plan dans cette séparation physique qui doit aussi s’opérer sur le plan psychologique. Oui, la nature est ainsi faite. La mère doit quitter l’enfant dès sa naissance. Cela ne veut pas dire qu’elle ne doit pas s’en occuper, au contraire, mais dans un esprit de détachement. L’enfant aussi doit se détacher de ses parents.
Si vous acceptiez de continuer votre recherche, nous pourrions en discuter davantage. Qu’en pensez-vous ? Le sujet m’intéresse.