Assez paradoxalement, nous traitons le corps avec beaucoup de soins lorsqu’il est vivant, mais nous agissons différemment après la mort. On dirait que celui-ci est même devenu pour plusieurs une coquille vide, sans « identité ». Par exemple, présentement, il y a une exposition itinérante ouverte au public qui présente des corps humains « entiers » placés dans toutes sortes de positions de la vie quotidienne… Personnellement, j’éprouve un malaise et je n’y suis jamais allée. Enfin, bref, passons aux reliques.
Depuis les tout débuts de la chrétienté, on relève l’importance accordée aux corps des apôtres et des premiers martyrs. On érigeait des autels au-dessus des ossements et l’on prit l’habitude de se rendre à Rome près des tombeaux des martyrs. On témoigne que de nombreuses grâces étaient rattachées à ces visites. Les reliques ont cependant fait l’objet de bien des critiques, surtout au Moyen Âge où des faussaires s’adonnèrent à un véritable commerce. On allait jusqu’à vendre le souffle de Jésus mis en bouteille, l’éternuement du Saint-Esprit et une dizaine de têtes de Jean-Baptiste. Le capitalisme daterait-il du Moyen Âge ?
L’Église interdit donc le commerce de ces fausses reliques lors des conciles du Latran IV et de Lyon au XIIIe siècle. Elle établit une procédure de contrôle qui est encore en vigueur aujourd’hui. De nombreuses expertises scientifiques sont requises pour authentifier ces reliques. La plus célèbre d’entre elles est sûrement le Saint Suaire de Turin qui a fait l’objet d’études consciencieuses faites autant par des hommes de science croyants que non croyants. Ces études nous démontrent que tout ce que l’on retrouve sur ce Suaire est vraisemblablement de l’époque du Christ et corrobore les récits de sa passion dans les Évangiles. Selon les dires de ces scientifiques, il est impossible qu’un faussaire ait pu reproduire cette image.
Par les sacramentaux, et les reliques des saints en particulier, l’Église montre l’importance du corps. Ainsi, loin d’être d’une autre époque, les sacramentaux nous placent en référence avec l’avenir : ils nous parlent de résurrection.
Colombe LeRoy
Note : Si les reliques d’aujourd’hui sont authentiques, elles ne sont pas moins sujettes à l’appât du gain et au cambriolage. Le cœur du Frère André a été volé dans la nuit du 16 mars 1973 et une rançon de 50 000 $ a été demandée en échange. Selon ce que rapportent les journaux, les Frères de Sainte-Croix n’ont jamais payé la rançon et le cœur du frère André a été retrouvé intact dans un sous-sol au sud de la ville de Montréal, environ deux ans après. Les Frères de Sainte-Croix, en ne payant pas la rançon exigée, ont voulu respecter le canon 1190 du Code de droit canonique spécifiant qu’à l’heure actuelle « la vente des saintes reliques est absolument interdite ».
Demain : « L’huile de Joseph »