Money talks

Dans ma petite ville
L’homélie de dimanche dernier dans ma paroisse portait sur l’exercice de l’autorité ou, en d’autres mots, comment exercer l’autorité le moins possible pour ne pas ressembler à Khadafi. Sujet délicat.

«Il y a eu en Lybie des abus de pouvoir répréhensibles. Le peuple a fait la révolution et il a renversé ce dictateur.»

Est-ce que je dois comprendre que vous approuvez cette révolution, Monsieur le curé?

La Lybie est le sujet de l’heure, et le monde entier chante d’un même cœur cette victoire contre la dictature. Khadafi était un mécréant. Il va sans dire. Et ces héros révolutionnaires que l’on encense, qui sont-ils?

Est-ce ces mêmes révolutionnaires que l’on présume responsables des charniers retrouvés récemment en Lybie? Est-ce ces mêmes personnes qui souhaitent remettre la charia comme base de discernement du système de justice lybien?

Je me permets de mentionner que la charia approuve la polygamie et qu’ainsi chaque homme peut avoir le nombre de femmes qu’il désire. Chaque homme peut aussi, pour un oui ou pour un non, décider de renier l’une de ses femmes et la laisser sans le sou, elle et ses enfants.

La hargne contre l’autorité est omniprésente, à tort ou à raison. En fait, il est relativement facile de fissurer ou d’éjecter un gouvernement qui nous déplaît. Pourtant, la question cruciale demeure: avez-vous en réserve un leadership assez fort pour éviter l’anarchie, et quels seront les fondements de ce nouveau leadership?

Au Québec
De façon périodique, la photo de Jean Charest fait la une des journaux, particulièrement la première page du Devoir. Nous pouvons voir son visage en gros plan, il est presque toujours en colère, les yeux quasi injectés de sang, en train de vociférer quelques menaces terribles. Il a des airs de dictateur, ne trouvez-vous pas?

À la vue de ces images, plusieurs questions peuvent surgir:

1) Comment pouvons-nous tolérer pareille incompétence et abus de pouvoir?

2) Pourquoi un homme de sa trempe accepte-t-il de vivre avec le mépris, l’ingratitude et la caricature, alors qu’il pourrait utiliser ses ressources, ses talents, son leadership à des fins personnelles beaucoup plus lucratives?

3) Où trouver une perle rare, un leader idéal pour le remplacer?

Dans le monde
Dans La Presse du 31 octobre, un article d’Yvan Loubier mentionne:

«la faiblesse du leadership européen et américain pourrait desservir les travaux du sommet du G20».
«Mais l’Occident a besoin du marché de la Chine et de ses capitaux. Première créancière des États-Unis, elle est en voie de le devenir également pour l’Europe. C’est peut-être de là que s’exprimera un nouveau leadership, précurseur d’un véritable bouleversement de l’ordre mondial. Et comme dit le vieil adage: “Money talks”.»

Une dictature communiste de type maoïste, ça vous tente?

Conclusion
J’avoue que j’aurais aimé, lors de l’homélie de dimanche, que la réflexion se poursuive.

J’aurais aimé entendre que le leadership est d’abord et avant tout un service à rendre. Malheur à celui qui l’utilise à ses propres fins. Malheur à celui qui ne l’utilise pas par crainte du ressac des insatisfaits.

En terminant, je vous invite, pour ma part, à alimenter cette réflexion par des exemples intéressants de leadership vécus dans votre petit coin du monde.

Ainsi, peut-être serons-nous prêts à célébrer la fête liturgique du Christ-Roi dans trois semaines.

Jennie Larochelle

 

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10 Responses to Money talks

  1. Lucie dit :

    C’est trés intéressant votre article.
    Les vrais leaders pourraient vraiment faire plus s’il y avait moins de révolution et de « chiâlage »…

  2. Hélèna dit :

    J’ai assisté ce matin à un journal club intitulé « Les effets du vieillissement sur le système cardiovasculaire ». Évidemment, tout le monde sait que l’image démographique est en pleine mutation. L’espérance de vie augmente et donc le pourcentage de personnes âgées.

    Personnellement, dans ma pratique courante, je ne suis plus surprise de tout de soigner des patients de 95 ans et plus. Au lieu d’être « une force de la nature que l’on rencontre de temps à autre », c’est plutôt mon quotidien.

    Malheureusement, notre médecine interventionniste est peu outillée pour soigner ces personnes fragiles, car la majorité des études qui génèrent nos lignes de pratique sont faites chez des personnes plus jeunes et moins malades. Sans parler des enjeux éthiques qui se multiplient et auxquels nous faisons maladroitement face.

    Pourtant, je suis sortie de cette petite conférence avec une note positive.

    Une jeune femme a déclarée:  » mais ce qui est très encourageant, c’est que nous sommes plusieurs ce matin a s’être déplacés pour s’outiller (à 7h AM, tout de même…) ». Et c’est vrai que c’était beau à voir.

    15 femmes, jeunes et moins jeunes, dignes, dynamiques, motivées, généreuses, véritablement soucieuse d’offrir mieux à leurs aînés.

    Voilà mon exemple de leadership!

  3. Rosa dit :

    À l’approche du Christ-Roi que nous fêterons dimanche en tant que Roi de l’univers, votre blogue me donne longuement à réfléchir sur le leadership. Voici ce qui me vient comme réflexion.

    Les leaders «naturels» ont une lourde tâche. Ils cumulent une double responsabilité, celle des autres qu’ils conduisent et eux-mêmes. Souvent, ils doivent se délaisser pour s’occuper des autres. Nous ne savons pas exactement ce qu’ils portent, les écueils doivent être nombreux car d’eux dépend le sort de plusieurs. Alors si ceux-ci mettent leur talent de leader au service du groupe et de la bonne cause (comme vous le mentionnez dans votre blogue), ils entraînent avec eux ceux qui les suivent; il est certain que la tâche ne doit pas être facile. Nous avons la responsabilité de les soutenir dans les projets qu’ils entreprennent. Qui dit que Dieu ne tiendra pas responsables de leurs échecs ou de leurs réussites ceux mêmes qui les critiquent ou les soutiennent!

    Pour bien comprendre le tableau relationnel des chefs et de leurs subordonnés, il faut mettre de côté non pas la critique constructive, mais l’envie de nous retrouver à leur place pour diriger le troupeau. À chacun son talent et son rôle! Et surtout, ces talents et ces rôles nous sont donnés par le Roi de l’univers. C’est lui le grand pilote de nos vies.

    Dans le Royaume du Christ Roi, nous verrons avec clarté et en toute justice la scène des interrelations, les jeux d’intérêts et les mérites de chacun.

    Que son Règne vienne!

  4. Jennie Larochelle dit :

    Bonjour Rosa,

    votre commentaire m’interpelle beaucoup. Votre réflexion est mûrie et profonde. Je retiens particulièrement la différence clé entre « critique constructive » et « envie de se retrouver à leur place pour diriger le troupeau ».

    Comme vous le dites si bien, chacun a sa responsabilité dans l’échiquier. L’exercice de la critique est actuellement un exercice de leadership ayant beaucoup d’influence, qu’il soit passif et insidieux ou plus agressif comme dans les révolutions.

    En effet, la critique, qui nous parvient particulièrement via les médias ou les multiples réseaux sociaux, fusent de partout au niveau mondial. Liberté d’expression oblige. Bien, mais il demeure qu’il nous faut ensuite trouver une façon de gérer ce flux d’information. Devoir de discernement oblige.

    Je crois sincèrement que chacun, avec une recherche honnête, a ce qu’il faut en sa conscience pour discerner. Pourtant, comme le disait Al Pacino dans le film « Parfum de femmes »:  » À chaque croisée de chemin, j’ai toujours su quelle voie était la bonne, et je ne l’ai jamais prise. Il m’aurait fallu avoir ce qu’on appelle le courage. »

    Notre conscience a besoin du soutien de la prière quotidienne pour y voir clair.

  5. Eustache dit :

    S’il m’arrive de vouloir prendre le pouvoir, ce n’est pas pour avoir la responsabilité des autres, c’est pour faire ce que je veux. Qui est comme moi?

  6. Rosa dit :

    @ Eustache
    J’apprécie votre honnêteté. Avec vous au moins, on sait à quoi s’en tenir. Je me permets de vous glisser ici un petit commentaire. Que dire si tout le monde voulait être le chef pour faire tout ce qu’il veut? Le chef de qui? On aurait des petits problèmes de dictature!

  7. Sherlock dit :

    Quand on cherche «dictature», on apprend que les régimes dictatoriaux sévissent surtout en Afrique, en Asie du Sud-Est et au Moyen-Orient. Nos sociétés démocratiques sont-elles immunisées contre la dictature? Nous connaissons la dictature de l’Argent que dénoncent les indignés. Quant au mouvement des indignés, sans leadership apparent, il pourrait être l’avant-garde d’une autre forme de dictature qu’on appelle la dictature de la rue et qui contribue, comme on peut le voir actuellement dans le monde, au renversement de dictateurs. Mais, il y a un hic!
    Toujours sous le thème de «dictature», on peut lire que Hitler, Staline et Mao ont tous été acclamés par les foules comme des libérateurs de la dictature de l’Argent et des Privilèges… Cercle vicieux, on dirait.
    Si on peut en sortir, je me demande comment.

  8. G. Letournis dit :

    ¨Tout le monde veut et peut faire ce qu’il veut¨, notre société se bâtit grosso modo sur ce principe. Il n’est pas surprenant que les conflits d’intérêt se multiplient à tous les échelons jusqu’à atteindre un point critique. Personne ne veut être le premier à se priver de quoi que ce soit qui fait l’objet de sa convoitise, que ce quelque chose appartienne à un autre devient même un motif d’indignation et de frustration. Sherlock parle d’un cercle qui nous ramène sans cesse à la dictature. Pour ma part, je nous sens entraînés dans une sorte de spirale de revendications, personnelles et collectives, qui s’expriment partout, sur toutes les tribunes. Tellement que la tête me tourne et que les oreilles me chauffent!
    C’est drôle, en même temps, à peu près tous les partis politiques se cherchent un nouveau chef. Quel leader pourra satisfaire cette meute aux intérêts contradictoires?

  9. Toi dit :

    Quel leader?… surtout pas Harper, lui c’est un vrai dictateur, un autocrate…. Entoucas, c’est ce que tout le monde dit… ou dont tout le monde parle… donc cela doit être vrai!!! Il a des idées, les exprime, et les mène à un projet et ça, c’est de la dictature car il ne se laisse pas impressionné…
    Pourtant, j’ai lu un article récent concernant le leadership justement et qui faisait l’éloge de Denise Filiatrault en ces termes: « Denise Filiatrault a un idée précise de ce que sont les leaders. « Nous sommes des gens qui savons ce que nous voulons. On tente des choses, Quitte à faire des erreurs parfois, c’est vrai. Mais avec le temps, on apprend en tâchant de s’améliorer. » (…) » Tiens, bizarre, si c’est Denise qui sait ce qu’elle veut, ça va, mais si c’est Stephan J… là rien ne va plus!
    Quel drôle de liberté d’expression!

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