A-t-on rapport ?

L’idée d’écrire sur le rapport homme-femme me rappelle des souvenirs amers. C’est donc avec la crainte de ne pas être objective que j’aborde le sujet. Mais peut-on être objective lorsqu’on a commencé à exercer le métier de secrétaire au temps des grandes espérances d’émancipation de la femme et que l’on constate le peu d’avancement dans ce domaine quelques décennies plus tard?

Malgré le petit salaire offert à l’époque, on faisait reposer sur les épaules des secrétaires bien des responsabilités, peu remarquées en général mais toujours nécessaires, sans compter que le sourire, l’accueil, la présence à tous, la ponctualité, la discrétion, la disponibilité, la patience et l’entregent, faisaient partie des exigences requises. Les secrétaires pouvaient cumuler plusieurs tâches, avec en prime celle de la réception. Alors là, la réception! Vous êtes vissée à votre bureau, incapable de vous faire remplacer, surtout durant l’heure du dîner ou lorsque vous avez une urgence à la maison.

Pas capable de se faire remplacer? Pas pour toutes les secrétaires…! Un petit salaire? Pas non plus pour toutes les secrétaires…! J’étais alors pas mal jeune et je dirais naïve. Comme un certain nombre de femmes, j’ai essayé de me démarquer dans ce métier. Je me souviens alors que mon travail soutenu voire acharné ne réussissait pas, comme je l’aurais cru, à faire augmenter mon salaire ni à obtenir la promotion espérée, alors que d’autres secrétaires, sans beaucoup d’expérience, parvenaient à me surpasser et ce, à l’intérieur de quelques mois parfois, sans bonne grammaire et sans assiduité au travail. Quelque chose (j’étais naïve, je le rappelle) les faisait monter dans l’estime de certains patrons de même que grimper dans l’échelle salariale…

Regardons les choses positivement: mes ambitions en ont pris un coup! Mais là n’est pas la question.

Si certains stéréotypes du rapport patron-secrétaire ont été dénoncés, caricaturés, exploités à foison, dans les téléromans par exemple, le rapport sexe-pouvoir existe toujours; certaines manoeuvres se font pratiquement à ciel ouvert maintenant, au point que ma naïveté d’alors est devenue inconcevable aujourd’hui. A-t-on rapport même de s’en préoccuper?

Personnellement, je ne peux me résigner à croire que l’approche au travail n’ait pas changé en ce qui concerne les relations entre patrons et secrétaires! Si nous observons de plus près, nous découvrirons qu’il y a des personnes qui cherchent à se distancer de cette dynamique de manipulation des relations. Je crois donc aux avancées sur le plan individuel. Les prises de conscience ne se traduisent pas nécessairement sur le plan collectif, mais elles peuvent faire leur chemin si des hommes et des femmes décident d’adopter des comportements plus sains dans leur milieu.

Par exemple, j’ai pu discuter avec l’un de mes patrons du problème précis dont il est question dans ce blogue. Il m’a confié que lui-même laissait volontairement entrouvert le «store» de la fenêtre intérieure de son bureau lorsqu’il était en entrevue avec une employée, justement pour éviter une situation ambiguë. On peut sourire à cette anecdote, mais elle révèle un écueil toujours présent dans les relations entre hommes et femmes, patrons et employées. Il n’est pas sûr que cet écueil disparaisse si le patron est une femme.

Que pensez-vous de tout cela? Avez-vous des commentaires pouvant améliorer notre insertion au travail dans un rapport de complémentarité hommes-femmes? Et, pourquoi pas, n’auriez-vous pas quelques trucs à nous partager, des trucs qui peuvent être aussi simples et candides que celui de mon patron?

Colombe LeRoy

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4 Responses to A-t-on rapport ?

  1. Georges dit :

    Bonjour Mme LeRoy,

    Pour ma part, je laisse toujours ma porte entreouverte lorsque je rencontre une dame seule. Pour moi, cette façon de faire permet d’établir un climat d’échange plus approprié et donne un message clair aussi aux personnes de mon entourage.

    Mais la dynamique peut aussi aller dans l’autre sens.

    A un moment donné, une dame est venue me voir pour que j’intervienne dans le dossier de son mari. A un moment donné de notre échange, elle ferma la porte; le message était clair : elle était prête à tout pour que son mari réussisse! N’ayant pas répondu à ses avances, notre conversation s’est terminée rapidement sur une note plutôt froide.

  2. Colombe LeRoy dit :

    @Georges
    L’exemple que vous nous apportez nous fait comprendre davantage dans quelle situation un patron peut se retrouver. Il y a des personnes (hommes et femmes) qui, pour arriver à leurs fins, font fi de ce qui est sensé être BASIC dans notre société : le respect de la liberté et du droit de l’autre. Fermer une porte qui a été ouverte délibérément par son patron nous en dit long sur le peu de cas que l’on fait du droit et de la liberté dont celui-ci devrait pouvoir jouir dans son propre bureau! En fait, on pourrait dire que, dans ce cas, vos droits et libertés ne sont pas plus respectés que le Décalogue…
    Les trucs ne sont donc pas un rempart infranchissable; le cas échéant, il faut avoir la force d’affirmer ses convictions plus directement.

  3. Hugues Sauvageau dit :

    à Mme LeRoy,
    Je suis surpris de vous entendre parlé de « peu d’avancement » au début de votre article. Je vous ferai remarquer cordialement que les progrès du statue de la femme (du moins au Canada) ont été remarquables dans les quelque dernières décennies d’histoire de l’humanité que nous avons connu. On parle ici d’à peu près deux générations, ce qui est fort court pour un changement aussi radical de mentalité sur un sujet aussi profond que le statue des femmes. Il y a certes beaucoup à amélioré encore, et je crois qu’il faut travailler fort en ce sens, mais il faudrait quand même pas jeter un regard trop déçu sur le passé. Il faut être patient, les changements n’en seront que plus durable.

  4. Mathieu L dit :

    M. Sauvageau,

    je pense que madame LeRoy a raison de parler de « peu d’avancement » d’émancipation de la femme dans le domaine du secrétariat car si on gratte un peu, les stéréotypes et préjugés sont encore présents à un degré plus ou moins élevé selon l’éducation reçue.

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