En suivant le filon « biblique » de la devise du Canada (voir mes blogues précédents), on s’aperçoit que la véritable ligne de départage des couleurs politiques se situe au niveau des principes de laïcité et de confessionnalité. En bref, les Rouges seraient pour la laïcité et les Bleus seraient pour la confessionnalité*. Aussi simple que ça ?
Il faut dire, qu’à l’origine, la ligne était plus claire. Le Parti rouge, fondé au Québec vers 1848, prêchait la République et la laïcité. Bon nombre de ses membres s’opposèrent en 1867 au projet de Confédération canadienne ou préconisèrent une fédération à la manière des États-Unis d’Amérique. Le Parti bleu est né au Québec en 1854 pour lutter contre le Parti rouge.
Le Parti rouge finit par s’effondrer, ses membres plus modérés formant le Parti libéral du Canada. Le Parti québécois s’est aussi réclamé des Rouges par son refus de la Confédération et son projet de société laïque. Quant au Parti bleu, il a d’abord été appuyé par l’Église, en particulier par l’évêque Ignace Bourget de Montréal, mais les tergiversations relatives aux questions fondamentales de confessionnalité sont devenues un facteur de division en son sein. On ne peut donc automatiquement situer les Conservateurs du Canada du côté des Bleus. Au Québec, depuis la disparition du Parti de l’Union nationale, qui était Bleue du temps de Maurice Duplessis, les partis politiques, comme beaucoup d’évêques d’ailleurs, hésitent à se ranger de ce côté.
Comme je le disais, plus on avance dans le temps, plus il est difficile de reconnaître les couleurs politiques, sauf si l’on suit la ligne de démarcation entre laïcité et confessionnalité. En fait, dans tous les partis et même dans l’Église d’ici, il y a des Rouges et des Bleus.
Francine D. Pelletier
*Lorsque j’emploie le terme «confessionnalité», je l’entends dans un sens plus large que celui de confessionnalité des écoles; il rejoint pour moi le concept de «suprématie de Dieu» encore inscrit dans la Charte canadienne.
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