Le besoin est plus fondamental que le droit. D’ailleurs, les droits de l’homme que l’on dit « fondamentaux » réfèrent à des besoins. Un besoin est une nécessité. Or, tous les droits acquis ne reflètent pas une nécessité au sens strict. Je peux avoir le droit de tourner à droite sur un feu rouge, mais cette mesure du code de la route n’est pas l’expression d’un besoin essentiel de la nature humaine ou de la vie en société.
La remise en vigueur du verrouillage des portes dans les centres jeunesse par le gouvernement du Québec est arrivée à pic dans ma réflexion sur la « Loi du cadenas » votée par le gouvernement de Maurice Duplessis (voir mes blogues précédents sur le thème « Le portier et la loi du cadenas »). Ce qui se passe aujourd’hui permet de regarder avec plus de compréhension cette mesure prise dans le passé.
Sans vouloir justifier la Loi du cadenas qui visait à « protéger la province de Québec contre la propagande communiste », on peut comprendre qu’un « besoin de protection » soit assuré par le droit et même le devoir de prendre les mesures nécessaires pour contrer le péril. Le péril peut être idéologique comme dans le cas de la Loi du cadenas de 1937, ou psycho-social comme dans le cas de l’augmentation des fugues chez les jeunes en 2010.
Les mesures prises au nom de la sécurité ont néanmoins leurs limites. Le besoin de liberté est lui aussi à satisfaire, car il s’avère nécessaire au développement de l’autonomie personnelle. Comme le faisait remarquer une intervenante jeunesse : « Quand il y a une structure physique, si on dit non à un jeune, il n’a pas d’autre choix que de se conformer mais il n’apprend pas nécessairement ». La loi, une fois entrée en vigueur, suppose donc le consentement des individus pour être efficace.
Seulement si la loi est bonne, me direz-vous. Mais comment savoir ? Qui peut nous éclairer sur cette importante question sans nous abuser ?
Francine D. Pelletier
Demain : « La grande noirceur et la révolution tranquille »