La détermination d’André Bessette à contrer l’idéologie communiste, même à son corps défendant, se retrouve chez son ami devenu premier ministre : « tant que j’aurai un souffle de vie, je n’épargnerai rien, je ferai tout en mon pouvoir pour faire disparaître le communisme de la province de Québec. Les scènes effroyables qui se déroulent dans l’Europe ensanglantée ne nous permettent pas d’hésiter un moment » (déclaration de Maurice Duplessis à la Chambre, 12 mars 1937).
Quand Maurice Duplessis se dit prêt à tout pour extirper le communisme de la Province, il sait pertinemment qu’il revient au gouvernement fédéral d’intervenir, que celui-ci dispose de plus de moyens. Ottawa est-il hésitant ? En tout cas, Duplessis prévient : « Si le gouvernement fédéral ne veut pas coopérer, le gouvernement de Québec va faire son devoir quand même, et chacun portera ses responsabilités ».
C’est dans ce contexte que fut promulguée, en 1937, la « Loi pour protéger la Province contre la propagande communiste », mieux connue sous le nom de « Loi du cadenas ».
Il était interdit aux propriétaires d’immeubles de mettre un local, quel qu’il soit, à la disposition de groupes faisant la propagande du communisme. En cas d’infraction, on fermait l’édifice en verrouillant concrètement la porte avec un cadenas.
Dans mon blogue précédent, je terminais en posant cette question : « la fonction de portier serait-elle plus répandue et héroïque qu’on ne le pense ? ». Dans la même veine, je me demande si un gouvernement responsable ne serait pas une sorte de portier, dans la mesure où il saurait ouvrir la porte à ce qui peut contribuer à la bonne gestion de la société, et où il aurait aussi le courage de fermer cette porte à ce qui peut y nuire ?
Mais est-ce aller trop loin que de fermer et de cadenasser les portes ? André Bessette et Maurice Duplessis étaient-ils réactionnaires, des hommes de droite opposés aux révolutions sociales de la gauche ?
Francine D. Pelletier
Demain : « Le portier et la loi du cadenas (3) »