Kandahar

Mon fils est militaire dans l’armée canadienne. Il a fait l’Afghanistan et il pourrait éventuellement y retourner.

En ce Jour du Souvenir qui marque la fin de la première guerre mondiale et où l’on commémore ceux qui ont donné leur vie lors d’un conflit impliquant le Canada, je ne peux m’empêcher de penser à lui et à tous les soldats canadiens en mission présentement.

Quelques temps après l’annonce au mois de février 2010 de la canonisation d’André Bessette, j’avais découvert un peu par hasard que Joseph avait été nommé patron de l’armée (de terre?) canadienne en 1931. Et je viens tout juste de mettre la main sur un texte qui mentionne l’existence, dans l’Église canadienne, d’un diocèse constitué spécialement pour les militaires. Ce diocèse s’étend de la Colombie britannique à Terre-Neuve, en passant par… Kandahar.

Kandahar ???

Cela m’a fortement réconforté. Joseph, patron du Canada, de l’Église canadienne, de l’armée canadienne, dont la protection s’étend jusqu’en Afghanistan !

L’évêque du diocèse militaire canadien a publié un impressionnant recueil de prières qui couvre tous les aspects de la vie d’un soldat; certaines d’entre elles évoquent les dangers, les épreuves physiques et morales, la préparation à la mort. Il y a aussi des prières pour les familles des soldats, les commandants, les gouvernements, et bien d’autres intentions.

Un bémol cependant. Aucune de ces prières ne s’adresse à Joseph. Aucune ne s’adresse à Marie, d’ailleurs. Je me demande pourquoi.

Rémi Sirois

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16 Responses to Kandahar

  1. Eustache dit :

    Saint Joseph patron de l’ARMÉE canadienne?
    Je ne comprends pas la guerre.
    Elle est un fléau qui n’apporte que misères et dépravations.
    Je hais la guerre.
    Pourquoi faut-il toujours se battre?
    Comment peut-on être militaire et chrétien à la fois?

  2. Maurice Hansson dit :

    @ Eustache

    Ah! Eustache, vous trouvez que le monde est parfait? Non, puisqu’il y la guerre, n’est-ce pas. La guerre c’est l’imperfection du monde? Il y a la guerre PARCE que le monde est imparfait. Il y a la guerre parce qu’il y a la haine et il y la haine parce qu’il y a le refus de Dieu.

    Satan est en guerre contre l’humanité et quand il y a guerre il faut se DÉFENDRE! Si on vous attaque, allez-vous vous défendre? Oui? Alors vous ferez la guerre.

  3. P dit :

    Pourtant le Christ ne s’est pas défendu…

  4. Maurice Hansson dit :

    Je ne nie pas que la guerre est un problème. Je dis qu’il faut que JUSTICE soit faite. Et quand la justice est attaquée, il faut la défendre. Dans certaines conditions, il y a donc possibilité de guerre juste qui doit reposer sur le principe d’autorité, la juste cause et l’intention droite. L’agression est injustifiée mais pas la défense. Même dans la nature il ya des mécanismes qui impliquent la défense contre l’agression sans lesquels il n’y aurait plus de vie sur la terre depuis longtemps.

    Le Christ lui-même a commandé à ses disciples de s’armer. Le fait que par la suite, tout en sachant à l’avance l’injustice dont il serait bientôt victime, il ne se soit pas défendu n’est pas en rapport direct avec l’idée de la défense armée. Il est en rapport avec l’idée de la défense tout court car le Christ ne s’est pas défendu non plus face aux attaques de la foule et aux arguments fallacieux des autorités, ni même face à Pilate qui cherchait désespérément à l’épargner. Le fait que le Christ ne se soit pas défendu a surtout rapport avec la nécéssité de son sacrifice qui impliquait la condamnation et l’exécution d’un JUSTE.

  5. Q dit :

    M. Hansson,
    Pouvez-vous nous fournir la citation biblique correspondant à cette phrase de votre texte: »Le Christ lui-même a commandé à ses disciples de s’armer. »

    Merci

  6. Maurice Hansson dit :

    @ Q

    Lc 22: 35-38

  7. Lucie dit :

    M.Hansson,

    Je n’ai jamais compris cette parole de l’Evangile de Luc que vous citez:
    36 Jésus leur dit : « Eh bien maintenant, celui qui a de l’argent, qu’il en prenne, de même celui qui a un sac ; et celui qui n’a pas d’épée, qu’il vende son manteau pour en acheter une.
    38 Ils lui dirent : « Seigneur, voici deux épées. » Il leur répondit : « Cela suffit. »
    Car plus loin:
    50 L’un d’eux frappa le serviteur du grand prêtre et lui trancha l’oreille droite.
    51 Jésus répondit : « Laissez donc faire ! » Et, touchant l’oreille de l’homme, il le guérit.

    Est-ce que quelqu’un peut m’expliquer à quoi doivent servir ces épées?

  8. Gaby dit :

    Monsieur Hansson

    Vous avez raison sur le principe. Ce principe est certainement plus sain que “oeil pour oeil, dent pour dent”. Le problème pratique c’est que la même justification est donnée de chaque côté du canon: “autorité, juste cause et intention droite”. Le soldat croit toujours qu’il livre le juste combat. Et pour ce qui est de se défendre; dans tout conflit, GRAND ou PETIT, c’est toujours l’autre qui a commencé et ainsi se produit l’escalade des armes “pour se défendre”. Dans la situation actuelle de notre monde, oui je crois qu’une armée est nécessaire pour se défendre. Je crois aussi que le chrétien doit approfondir ou définir d’autres principes car nous n’arriverons jamais à la justice et à la paix à partir de ceux existants. La solution est peut-être dans une facette de l’Évangile qui nous échappe et que l’Esprit doit nous faire découvrir.

    “Oh fais vite Esprit Saint avant qu’il ne soit trop tard”

  9. Maurice Hansson dit :

    Dans les versets 35 et 36 Jésus indique un changement radical de situation. Nous passons du monde idéal commandé par la grâce de Dieu et manifesté par le fait que les disciples n’ont manqué de rien à la phase qui va culminer avec la FIN de Jésus et le début d’une nouvelle ère de combat. Les épées en sont le symbole.

    Pierre comprend que l’heure à venir est difficile et se déclare prêt à donner sa vie pour son maître et c’est lui qui va frapper le serviteur et lui trancher l’oreille. Je ne partage pas l’avis de ceux qui affirment que la guérison de celui-ci par Jésus constitue une rebuffade de l’action de Pierre, mais l’avis de ceux qui y voient plutôt l’indication de la nécessité de la compassion. Sur les champs de batailles on est sensé appliquer ce principe et soigner tous les blessés de tous les camps.

    La question de la violence n’est pas facile et je ne me sens pas capable de répondre à toutes les interogations qu’elle suscite. Je me fie à mon instinct.

    Je me fais deux films: Dans le premier je me trouve à la maison avec ma femme et mes enfants. Des gens violents s’introduisent et menacent l’intégrité physique et même la vie de ceux-ci. Je ne vais pas les laisser faire et j’emploirai tous les moyens possibles, fort possiblement la violence, jusqu’à donner ma vie, pour les empêcher de faire du mal à ceux que j’aime. La loi humaine me le permet d’ailleurs.

    Dans le second, je suis menacé de sévices corporels et même de la mort pour ma foi. J’espère avoir le courage de donner ma vie aussi pour celui que j’aime, le Seigneur.

    Les contextes sont différents. Dans le premier film il y a la question fondamentale de la survie et de l’intégrité physique et morale. Dans le second le témoignage ultime. Ce sont ces contextes qui commandent l’interprétation et fondent le discernement en regard de la « juste cause ».

    Jésus n’est pas dans la situation de se défendre mais de donner sa vie pour ceux qu’il aime, c’est-à-dire toute l’humanité. C’est un sacrifice accepté.

    Si nous avions laissé Adolf Hitler et ses nazis continuer de massacrer l’Europe, les juifs et les autres, et éventuellement le monde entier, quel aurait été le sens de ces sacrifices? Certainement pas des sacrifices acceptés mais des sacrifices IMPOSÉS qui vont contre la justice, humaine et même divine.

  10. Lucie dit :

    M.Hansson,

    Je vous remercie beaucoup de vos éclaircissements.
    A ce que je vois, chaque situation demande un discernement.

  11. Rémi Sirois dit :

    @Eustache

    Je n’aime pas la guerre non plus. Je ne connais pas de militaire qui l’aime. Tout ceux qui l’on cotoyé de près l’aime encore moins.

    Quand on est militaire, ce n’est pas parce que l’on aime la guerre. J’ai été moi-même militaire et j’en ai aussi discuté avec mon fils.

    On est militaire pour servir notre pays, pour servir nos compatriotes afin qu’ils puissent vivre en paix. Car s’il n’y avait pas d’armée, nous aurions perdu notre pays, il y a longtemps et nous n’aurions pas la qualité de vie que nous avons.

    Que l’on le veuille ou non, notre monde est un champ de bataille. Ëtre militaire, c’est apprendre à utiliser la force à sa juste mesure, pour défendre ce qui est menacé.

    Regarder le général Roméo Dallaire au Rwanda; il a été incapable, selon le règles d’engagement, des Nations-Unies à l’époque, d’utiliser la force à sa juste mesure pour sauver plus d’une centaire de milliers de personnes qui ont été massacrées. C’est cela qu’il démontre dans son livre : J’ai serré la main du diable – La faillite de l’humanité au Rwanda, Roméo Dallaire, Libre Expression, 2003, 685 pages.

    Voilà un militaire, qui a une très grande expérience de la guerre, une guerre où il n’a pu aider; il a tant souffert que son équiibre psychologique a été atteint.

    Comme Maurice Hansson qui vous a répondu, il faut bien comprendre que c’est le diable qui mène la guerre. Cela ne peut être plus clair qu’au Rwanda. Le général Dallaire a bien choisi son titre.

    Il faut qu’il y aie des personnes qui soient prêtes à se battre et même à donner leur vie pour garder la paix de tous.

    Regarder aussi les infirmières, les pompiers, les médecins, les policiers et bien d’autres, eux aussi doivent être au service des autres. Cela ne veut pas dire que tous sont parfaits et qu’il n’y a pas des erreurs ou même des abus qui se produisent.

    Vous posez aussi la question: peut-on être militaire et chrétien à la fois. Je vous réponds certainement; dans un esprit de service, où l’on est prêt à donner sa vie pour les autres, Je pense que l’on peut être vraiment chrétien tout en étant militaire, tout dépend si l’on veut servir ou dominer. Cela l’Église l’a reconnu depuis longtemps.

    Qu’en pensez-vous?

  12. Jurgen Faine-Caram dit :

    J’apprécie votre témoignage, M. Sirois. La guerre est une horreur et, dans une certaine mesure, je comprends la réaction des « pacifistes » qui est généralement considérée « politically correct » dans un monde où l’on ferme trop facilement les yeux sur la réalité crue de la vraie vie.

    Je remarque que vous relevez la nécessité « d’utiliser la force à sa juste mesure ». Cette quatrième condition à la notion de « guerre juste » doit être ajoutée à celles proposées par saint Thomas d’Aquin: le principe d’autorité, la juste cause et l’intention droite, que M. Hansson a mentionnées dans un commentaire précédent.

    Cela dit je voudrais suggérer d’autres pistes de réflexions dans le cadre de ce délicat sujet. Premièrement, la question des épées. Tout comme les armes à feu, celles-ci peuvent devenir un symbole de violence mais elles comportent aussi une dimension plus profonde exprimée par Jésus: « N’allez pas croire que je sois venu apporter la paix sur la terre ; je ne suis pas venu apporter la paix, mais le glaive » (Mt 10:34). Il y aurait une petite réflexion à faire ici pour ceux qui rêvent de paix; Jésus dit qu’il n’est pas venu apporter la paix!

    Jésus continue de plus belle: « Car je suis venu opposer l’homme à son père, la fille à sa mère et la bru à sa belle-mère : on aura pour ennemis les gens de sa famille. » (Mt 10:35-36). J’appellerais ça un constat de réalité. Il y a quelque chose dans la réalité, dans la vraie vie, qui n’est PAS politiquement correct.

    La lettre aux hébreux vient compléter cette image: « Vivante, en effet, est la parole de Dieu, efficace et plus incisive qu’aucun glaive à deux tranchants, elle pénètre jusqu’au point de division de l’âme et de l’esprit, des articulations et des moelles, elle peut juger les sentiments et les pensées du cœur. » (He 4:12). C’est la Parole de Dieu, c’est-à-dire le Verbe incarné qui montre la division au fondement du monde, la division qui est le fait de celui qui divise, le diabolos qui, comme vous dites, « mène » la guerre. Jésus nous appelle à faire un choix.

    Je voudrais finalement faire remarquer que le geste de paix par excellence, le baiser, est utilisé pour la trahison ultime qui a mené à « la condamnation et l’exécution » du Juste entre les justes: « Tandis qu’il (Jésus) parlait encore, voici une foule, et à sa tête marchait le nommé Judas, l’un des Douze, qui s’approcha de Jésus pour lui donner un baiser. Mais Jésus lui dit: « Judas, c’est par un baiser que tu livres le Fils de l’homme! » (Lc 22:47-48).

    Avons-nous donc le choix entre le glaive et le baiser?

  13. John Murphy dit :

    À mon avis, Joseph a plutôt choisi le glaive et il est un excellent choix comme patron de l’armée canadienne…Alors pourquoi ne pas en parler davantage dans les prières de l’armée? Peut-être parce que certains catholiques ont choisi le baiser…un baiser œcuménique visant à ne pas heurter aucune autre dénomination religieuse! Ne pas approfondir le charisme des saints, c’est diluer l’essence même de notre foi! Jusqu’où sommes-nous prêts à diluer cette essence avec les croyances ambiantes? Le protestantisme…au fond ils sont chrétiens, parlons de Jésus, c’est plus rassembleur…Les droits de l’Homme…c’est un must actuel tout de même, un incontournable, et au fond pourquoi ne pas parler des valeurs de l’Évangile sans parler de Dieu…à Kandahar, en bien, les musulmans croient en Dieu, alors faisons seulement des prières au Père…Et bien le baiser est devenu un bâillon! Je prie Joseph du fond du cœur afin qu’il secoue vigoureusement ce diocèse catholique de l’armée canadienne et que ces membres soient enflammés du désir d’aller dire jusqu’à Kandahar que Joseph et Marie sont des modèles par excellence de solidité, d’équilibre, d’amour de Dieu, de relations interpersonnelles harmonieuses…

  14. Vanessa dit :

    @John Murphy

    Je suis complètement en accord avec vous M. Murphy. En même temps, le Christ nous donne un bel exemple de riposte pacifique au moment de sa passion. Lorsque je pense au baiser de Judas, je pense à la parole du Christ disant : « Vous avez appris qu’il a été dit : Oeil pour oeil, dent pour dent. Eh bien moi, je vous dis de ne pas riposter au méchant » et encore « Aimez vos ennemis et priez pour ceux qui vous persécutent ». Je crois qu’il est plus difficile de pardonner à un hypocrite qu’à un violent avec sa carabine. Je ne suis pas sans penser à ces pharisiens du temps, aimant les premières places dans les synagogues, et qui « lient des fardeaux pesants, et les mettent sur les épaules des hommes, mais ils ne veulent pas les remuer du doigt. (Mat 23,4). Combien de personnes actuellement, et même dans l’Église, qui n’enseignent plus la bonne doctrine, éloignent les gens de la Vérité et en bout de ligne tuent la Vie en diluant comme vous dites l’essence de leur foi avec les croyances ambiantes. Voilà ceux qui tuent. Le Christ n’a jamais pris les armes contre les pharisiens. Je crois que sa mort vient faire échec à nos orgueils et à nos mesquineries. « Ne craignez pas ceux qui tuent le corps et qui ne peuvent tuer l’âme; craignez plutôt celui qui peut faire périr l’âme et le corps dans la géhenne », nous dit-il.

  15. MLRD dit :

    En lisant tous vos commentaires, j’avais pleins de scènes d’un film que j’ai vu il y a plusieurs années: « To end all wars », basée sur la vie de prisonniers durant la 2e guerre (en anglais seulement).
    Cela n’a pas été un blockbuster mais la brochette d’acteurs est très spéciale (et connue) et surtout, le film est vraiment particulier. « Love your ennemy » pourrait bien être le résumé de cette histoire vraie. C’est protéger sa patrie, car ce sont des soldats de partout, et aussi des témoins de leur foi.
    Il y a sûrement des accros dans ce film mais le bien qu’il m’a apporté est incroyable. Sortez les mouchoirs!

  16. Stéphane dit :

    Moi je n’ai aucun respect pour la profession de soldat qu’on devrait plutôt appeler tueur professionnel. Mais il en est autrement pour la personne incarnant un soldat. Tout n’est pas noir ou blanc. Il y a cependant la réalité intrinsèque de la guerre qui est mauvaise et non excusable. Il n’y a rien qui justifie la suppression gratuite de la vie.

    Pourtant, l’évangile donne une réponse très claire aux question concernant la justification de la guerre. Selon moi, les parole de Jésus concernant souhaiter du bien à son ennemi, sont dans une dynamique de bien: le mal engendre le mal et le bien engendre le bien. Refuser une dynamique de haine, c’est une façon concrète de tranformer la noirceur en clarté.

    Comme dans une guerre, il y a 2 réalités: celle de la nation et celle des individus. Comment savoir alors si les intentions de la nation sont nobles? La noirceur de la guerre est liée à un désir de conquête et de domination. L’individu est un phare éblouissant dans une guerre lorsque qu’il transpire le service et le don de soi, qu’il resplendi de virginité.

    Quand je pense au Père Maximilien Kolbe qui fût interné dans un camp NAZI.

    D’autres part, il y a tous l’aspect du combat spirituel contre le mal et le refus d’être complice de ce mal qu’on personifie par le diable. Jésus pendant son jeûne dans le désert n’a-t-il pas été confronté à ce combat contre le mal.
    L’humanité aussi a été et sera encore confronté à des combats contre le mal absolu.

    La guerre contre les NAZIs, la guerre contre l’obscurantisme religieux. Toutes ces guerres étant caractérisées par une dynamique de domination, dynamique opposée à celle de l’évangélisation qui est service et don de soi.
    Mais c’est vrai que c’est un sujet complexe et pas facile à traiter.

    Comme je disais, je n’ai aucune admiration pour la profession de soldat, mais il en est tout autrement pour les soldats qui sont des lumières dans le contexte horrible de la guerre…

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