Lors des récents événements de la canonisation de Kateri, des critiques se sont fait entendre dans les médias: on parle de la conversion forcée de Kateri, ou encore de sa trahison concernant les coutumes de son peuple. On en est fier malgré tout, mais avec réserve, car sa canonisation serait un geste avant tout politique, ayant pour but de réconcilier les Amérindiens, malmenés lors des récentes décennies, avec l’Église catholique. Qu’en est-il exactement?
En regardant à la télévision la cérémonie de canonisation, j’ai été frappée du rapport d’intérêt et d’amitié quasi immédiat qui s’instaure entre nous et les personnes canonisées ce jour-là. Au delà des nationalités différentes, française, italienne, allemande, philippine, et bien sûr, amérindienne, on perçoit une communion de pensée et de cœur avec ceux et celles qui ont fait fructifier dans leur vie le ferment de l’évangile. Ces canonisations actualisent l’évangile et nous dynamisent. Plusieurs Amérindiens sont vitalisés par l’événement.
«Pour ceux qui sont croyants, et il y en a encore beaucoup ici, la canonisation de Kateri sera un des événements les plus importants de leur vie. […] Nous avons tous grandi en entendant son histoire et plusieurs doutaient de la voir devenir sainte de leur vivant.» (Joe Delaronde, porte-parole du conseil de bande de Kahnawake sur le site Canoe.ca, cette page n’existe plus)
Kateri a en quelque sorte devancé les missionnaires: elle était pour eux un témoignage et elle les tirait en avant dans leur désir de vivre l’Evangile.
Qu’elle soit canonisée en 2012 est peut-être une sorte d’appel ou de signe pour les Amérindiens. On trouve chez certains d’entre eux la conviction que c’est par le «Grand Esprit» que les Européens furent conduits en Amérique…
Depuis les années 80, une partie des Amérindiens se sont lancés dans des affirmations identitaires. Celles-ci peuvent entraîner un peuple à se cantonner dans des particularités, qui à la longue, se retournent contre lui. Ce retranchement peut entraver son dynamisme et l’empêcher de voir d’autres voies s’offrir à lui.
Même si elle comporte parfois des injustices, l’histoire porte un projet dans lequel s’inscrivent tous les peuples, selon les dispositions du «Grand Esprit».
Mais Dieu est-il Français, Anglais, ou encore Amérindien ? En fait, il était Juif…
Kateri ne s’en est pas formalisée. Est-elle prophète en son pays?
Josée Lacoursière