Missions d’Amérique du Nord
Je vous reviens avec le «Nord» et ses réseaux fondateurs qui m’ont tant enthousiasmée! Comme je le mentionnais, je continue à faire de belles découvertes sur les missions du Canada.
Bien de nos valeureux ancêtres français et amérindiens, ont collaboré ensemble d’une façon particulière. Ce fait reste très peu connu. Et pourtant cela mérite de l’être! Les médias mentionnaient dernièrement, qu’aux dires de nos historiens, un pan de notre histoire n’est pas transmis. Je suis bien d’accord avec cette assertion, et je crois bien que ce type de collaboration en fait partie.
Venons-en à l’objet de mes découvertes! Voulant en savoir davantage sur les missions, je me suis rendue à la Bibliothèque des archives des Jésuites et à la Bibliothèque des archives nationales. J’y ai trouvé quantité de documents écrits par des témoins vivant à l’époque des fondations canadiennes. Consulter ces sources m’apparait prioritaire pour retracer des portraits authentiques.
En voici quelques-unes: L’histoire du Canada du missionnaire récollet Gabriel Sagard, Les Relations des Jésuites, La vie de Katéri Tekwakwitha par les jésuites Claude de la Chauchetière et Pierre Cholenec, les Écrits du jésuite Jean de Brébeuf, les Annales des Hospitalières augustines ainsi que celles des Ursulines de Québec. Ces manuscrits nous apprennent l’histoire des fondements de l’Église en ce pays. Une mine d’or de renseignements!
Gabriel Sagard a écrit la première histoire du Canada en 1636. Ce missionnaire «récollet», (une branche de l’ordre fondé par St-François) sait de quoi il parle puisqu’il a vécu avec les premières nations amérindiennes. Il vivait en franche amitié avec eux, apprenant la langue, partageant leur nourriture, leurs expéditions. C’est dans ce contexte très simple qu’il fit le témoignage de sa foi chrétienne. Il nous renseigne sur leurs mœurs et coutumes, l’approche de l’évangélisation, l’amitié franco-amérindienne qui s’est nouée dès les débuts. Les Amérindiens l’estiment tellement qu’ils le surnomment «grand capitaine». Lui, de son côté, constate sympathiquement «certaines vertus de nos sauvages surpassant celle(s) des Européens».
Gabriel Sagard précise les motifs de la venue des Récollets en Nouvelle-France et s’objecte aux scandaleux désordres des marchands de fourrures européens. Il nous transmet même une requête envoyée au roi de France en août 1621, venant du regroupement des premiers arrivants (Champlain, la famille Hébert ainsi que les Récollets) pour que soit confirmée légalement l’autorité de ceux qui veulent empêcher les marchands de se servir des Amérindiens à leur profit.
Dans les années qui suivront, les missionnaires Jésuites vont poursuivre le travail des Récollets, vivant eux aussi avec les tribus et établissant des missions à Trois-Rivières, en Huronie, à Québec et à Montréal. Là se rassembleront les nouveaux convertis de diverses nations amérindiennes car il était impossible pour eux de demeurer dans leur tribu, l’hostilité étant trop grande. Les écrits des Relations envoyés en France nous permettent de dégager l’histoire de ces nouveaux chrétiens, se constituant en une communauté catholique autochtone très vivante.
La première mission aux environs de Ville-Marie sera établie à «La prairie de la Magdelene» vers 1667. Fondée par le père jésuite Raffeix et un couple amérindien des plus fervents, c’est un excellent exemple de l’étroite collaboration qui unissait les Français et les Amérindiens.
Dans le contexte de la reconnaissance de Jeanne Mance, cofondatrice de Ville-Marie, je vous parlerai prochainement de cette première mission en lien plus étroit avec Ville-Marie.
Catherine Jean