Un fait m’apparaît indiscutable, bien que ses implications soient demeurées pratiquement inexplorées : Joseph est « de la maison et de la lignée de David ». Les évangiles de Matthieu et de Luc, entre autres textes, sont très explicites à ce sujet. Même l’ange qui s’adresse à Joseph privilégie ce titre (c’est plus qu’une appellation) : « Fils de David ». En outre, lors du recensement, Joseph est allé « avec Marie son épouse qui était enceinte » se faire inscrire à Bethléem, la ville de David. Ce fait atteste que Marie elle-même était de la lignée.
Yahweh Dieu ayant promis de susciter dans la descendance de David un roi dont la dynastie serait établie pour toujours, la pureté du lignage devient primordiale.
Chez les juifs, la filiation légale est attestée par le père, d’où sans doute l’appellation père « putatif » ou « adoptif » attribuée à Joseph; un homme qui adoptait le fils d’un autre l’inscrivait légalement dans sa descendance. On se fait le raisonnement suivant : si Dieu est le vrai père de Jésus, parce que Jésus est Dieu, alors Joseph l’a inscrit dans la descendance de David en l’adoptant.
Pour sa part, toujours chez les juifs, la mère atteste la filiation par le sang; à cette époque, il était en effet plus facile de déterminer la mère que le père. La maternité de Marie ne cause donc pas le même problème de « réalité » qui se pose au sujet de la paternité de Joseph.
La filiation davidique de Jésus est donc attestée par la Loi (Joseph) et le Sang (Marie). Cette double filiation n’exclut pourtant pas l’idée d’une paternité « réelle » de Joseph, laquelle a été évoquée dans certains commentaires sur mon blogue « Joseph et le Sang ».
Le premier dogme de l’Église concernant Marie fut celui de sa « maternité divine », en 431. Ce dogme est basé sur le fait que Jésus n’est pas divisé en deux : une nature divine venant de Dieu son Père et une nature humaine venant de Marie sa Mère. En fait, c’est la virginité de Marie qui atteste la divinité de Jésus : « L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance de Dieu te couvrira de son ombre, c’est pourquoi l’enfant qui naîtra sera dit Fils de Dieu ». D’où la pertinence d’un autre dogme, celui de la virginité perpétuelle de Marie, proclamé en 649.
Comme implication de ces deux dogmes à propos de Marie, je dirais qu’à la maternité virginale de Marie s’allie la paternité virginale de Joseph. Et, ici, je ne conjecture même pas. Je ne fais que redire en d’autres mots ce qu’Augustin, « père » et « docteur » de l’Église (354-430) affirmait :
« Joseph est d’autant plus père qu’il est vierge »…
Francine D. Pelletier
Demain : « Joseph et le Sang… de David (3) »