Nous ne saisissons pas très bien, à l’heure actuelle, le lien qui existe entre nos différentes formes de détresse psychologique et la présence des démons. C’est peut-être pour cette raison que la prière du retable : « Joseph, terreur des démons » ne s’engage pas dans cette voie incertaine. Mais nous ne pouvons faire abstraction de leur « présence » dans le monde.
Nous pourrions penser ici à l’accroissement des maladies psychologiques, à certains climats d’angoisse individuelle et collective, comme étant attribuables, au moins en partie, à un « commerce » plus ou moins conscient avec les démons. Par exemple, nous pourrions réfléchir au fait de visionner avec avidité des films d’horreurs, de lire des livres qui racontent des histoires de vampires très « graphiques », de consacrer des heures et des heures à des jeux vidéo ou de société qui évoquent couramment et explicitement les démons.
Ces activités seraient-elles sans effets ? Pas selon cette jeune fille de dix-sept ans qui nous livre son témoignage via le web : « A cause de ce film j’ai fait un rêve : j’ai rêvé que j’étais l’assassin et que je tuais mes parents ». Un peu plus loin au cours de son témoignage, elle nous fait part d’une crainte par rapport à elle-même, qui subsiste malgré les encouragements et des raisonnements comme celui-ci : « Dans votre cauchemar, le fantasme de tuer vos parents reste un fantasme – courant à la période de l’adolescence – et n’est en rien appelé à devenir une réalité ». Sa réponse : « ll y a juste une dernière chose qui me perturbe : quand je repense à mon rêve je me dis que si j’ai été capable de le rêver c’est que je suis capable de le faire et c’est cela aussi qui me fait angoisser !!! ».
Réfléchissant sur cette histoire vraie, même la jeune fille ne dit pas que ses angoisses sont causées par les démons, elle nous dit que certains types de films peuvent gravement troubler la conscience des individus. Ce qui l’effraie en particulier, c’est qu’elle sent en elle une motion qui la pousse à faire ce qu’elle ne voudrait pas faire. Il s’agit même d’une pulsion « homicide » à l’égard de ses propres parents.
Des cas de ce genre et d’autres peuvent survenir. C’est extrêmement éprouvant pour les personnes tourmentées de la sorte. Les démons sont réputés pour être experts en tentations, troubles et mauvais desseins. Une prière à Joseph « terreur des démons » n’est donc pas superflue, bien au contraire.
Mais pourquoi « terreur » des démons ? À mon avis, si Joseph avait une crainte, c’était celle d’aller à l’encontre du projet de Dieu. Il n’a jamais eu « peur » des démons, sa foi et son espérance étaient inébranlables. L’Évangile dit qu’il était un homme « juste ». Dieu l’a même équipé de toute la puissance nécessaire pour défendre et protéger ceux qu’il lui a confiés, Marie et Jésus, et ensuite l’Église, et même le monde, puisque plusieurs pays ont été mis sous sa protection dont le Canada.
Joseph n’a jamais failli à sa mission, car les démons n’ont aucune emprise sur celui qui est sans peur et sans reproche.
Colombe LeRoy
Demain : « Protégez-vous »
Madame LeRoy
Je vous remercie d’avoir répondu à ma « commande » au sujet des retables de l’Oratoire Saint-Joseph. Je l’avais faite sans trop y croire, car je me doutais bien que c’était « de l’ouvrage ».
Bien que peu bavard, je me suis dit qu’il ne serait pas correct de ma part de ne pas vous donner un retour personnel sur cette série de blogues et commentaires. Je dirais que je comprends maintenant que ces retables ne sont vraiment pas là pour rien. Je pense que lorsque j’y retournerai, je ne pourrai plus y prier de la même façon. Sous leurs dehors « maladroits » se trouvent des réalités qui descendent dans les profondeurs. Et Joseph y travaille fort.
@ Gilles Lemaire
Je suis contente que vous ayez bien profité de ces lectures qui m’ont aussi rendu un bon service. Si je critique certaines formulations employées dans les nouvelles prières des retables, je suis consciente de la difficulté de leur actualisation dans le contexte d’aujourd’hui, l’Église étant attaquée de toutes parts, pour toutes sortes de raison. Mais le langage qu’il soit parlé ou écrit nous fait descendre, comme vous dites, dans les profondeurs. C’est peut-être la raison pour laquelle le choix des mots employés est si délicat; on peut « maladroitement » vider les mots de leur sens.