Ouvrir la porte, la laisser ouverte, entrouverte ou tout simplement débarrée, peut signifier l’accueil, voire un accueil inconditionnel. À la fin des années cinquante, l’Église catholique avait la réputation d’être réactionnaire, toujours en train de sévir contre quelque hérésie, de se défendre contre les autres religions et certains empiétements de l’État. Une Église qui dit non, qui ferme et même barre les portes.
Le Concile Vatican II convoqué par Jean XXIII se voulait un aggiornamento, c’est-à-dire une sorte de mise à jour de l’Église. On proposait l’orientation suivante : voir davantage ce qui unit que ce qui divise. On voyait dans ce Concile l’occasion d’ouvrir l’Église au monde de ce temps et, pour certains, plus radicaux, l’opportunité de faire sauter, entre autres, les serrures des dogmes de foi et de certaines exigences de la doctrine morale.
Il y a un fait qui n’a pas été beaucoup mis en lumière. J’ai mentionné dans un blogue précédent que Jean XXIII avait introduit Joseph dans le canon de la messe (« Joseph et les Apôtres »). Il a aussi choisi Joseph comme protecteur du Concile Vatican II et, dans un geste hautement symbolique, il a offert son anneau papal à la main de Joseph, représenté dans le tableau de Kalisz (Pologne).
Son choix de Joseph et le geste symbolique qu’il a posé à son endroit étaient-il d’ordre subjectif ? Le prénom de Jean XXIII est Joseph, Joseph Roncalli (tout comme celui de Benoît XVI dont le nom est Joseph Ratzinger). Le pape se serait-il confié à Joseph parce qu’il est le patron de ceux qui portent ce prénom ? Ou bien sa motivation était-elle plus profonde, une disposition prise dans un contexte où l’Église serait potentiellement exposée à des controverses et même à des divisions? En effet, chaque fois qu’un successeur de Pierre a eu recours à Joseph d’une façon aussi ciblée, le charisme de protecteur et de gardien de celui-ci était toujours sollicité.
Si les portes sont ouvertes mais qu’il y a un gardien, la maison demeure protégée contre des intrusions du dehors et les débordements qui pourraient survenir à l’intérieur. Le degré de protection dépend évidemment de la qualité du gardien et des moyens dont il dispose pour s’imposer le cas échéant.
En demandant à Joseph d’être le gardien de l’Église, les papes auraient-il la conviction que cette mesure de sécurité assure fondamentalement sa protection contre tout ce qui pourrait survenir ?
Francine D. Pelletier
Demain : « Joseph et l’Archange »