Dans mon blogue d’hier, j’introduisais la question : la république serait-elle mariée avec la laïcité ? Cela m’apparaît évident. La question de l’enseignement confessionnel n’est pas seulement du ressort du ministère de l’Éducation, elle implique une conception de l’État selon laquelle on reconnaît ou non la souveraineté de Dieu au fondement de la société.
La Confédération canadienne est née en 1867 sur fond d’opposition entre les Rouges et les Bleus (voir « Les Rouges et les Bleus »). Les Rouges, défavorables à la confédération, prônaient la république et la laïcité de l’État. Les Bleus, favorables, réussirent à faire introduire le fameux article 93 dans la nouvelle constitution. Jusqu’à très récemment, cet article garantissait les droits des écoles confessionnelles, catholiques et protestantes. Plus maintenant.
En 1870, quand Alfred Bessette s’engage chez les Sainte-Croix, une communauté vouée à l’éducation, le contexte politique est des plus volatiles; plusieurs gouvernements se succèdent rapidement, certains ne durant que quelques mois. La confessionnalité était alors un enjeu majeur dans les tiraillements entre Rouges et Bleus, le plus fondamental à mon sens. Et elle le demeure encore aujourd’hui. On n’a qu’à se rappeler quelle fut la réaction québécoise au rapport de la Commission Bouchard-Taylor sur les accommodements raisonnables.
Alors que les églises sont presque vides, que beaucoup de Québécois vivent en marge de la morale dite catholique, le crucifix est encore accroché au mur du Salon « bleu » de l’Assemblée nationale. Résultat d’un vote unanime des élus.
D’où vient cette résistance à la république laïque, irraisonnée mais viscérale ?
Francine D. Pelletier
Demain : « L’Oratoire Saint-Joseph et Émile Combes »