Encore une fois, l’actualité m’amène à reporter le blogue annoncé la veille (« Abuseurs et abusés »). En lisant dans La Presse d’aujourd’hui l’article de Marie-Claude Malboeuf sur la montée en flèche des fugues chez les jeunes confiés à la DPJ* (une hausse de 53% en quatre ans), j’ai été saisie d’apprendre que cette montée était conséquente à une loi concernant… le verrouillage des portes.
« Avant 2007, la majorité d’entre eux étaient gardés dans des immeubles ou des unités verrouillés, appelés d’encadrement intensif, même s’il ne s’agissait pas de délinquants. Dans certains cas, leur chambre pouvait être fermée aussi ».
« Fin 2007, la Loi sur la protection de la jeunesse a changé pour obliger les centres à enlever les serrures qui barraient l’entrée de la majorité des unités ».
Au premier abord, cette mesure de « déverrouillage » semble justifiée; pourquoi enfermer des jeunes qui, pour la plupart, ne sont pas des délinquants, mais au contraire les victimes d’abus de toutes sortes ?
Cette loi a cependant eu pour effet de compliquer la tâche des intervenants : « Avant, les jeunes n’avaient pas d’autre choix que de rester près de nous en sécurité. Mais pour certains, aussitôt que ça ne fait pas leur affaire, ils nous quittent. Ils sont toujours dans la fuite. Ça brise le lien, ça coupe la continuité de l’intervention et on repart à zéro. Ça nous fait vivre beaucoup d’impuissance » (Isabelle Lavertu, chef de service au centre pour garçons Cité-des-Prairies). De plus, les fugueurs se retrouvent dans la rue où ils sont plus exposés : « Les adolescents en fuite sont donc encore plus en péril qu’avant » (Caroline Dufour, directrice des services de première ligne de l’organisme Dans la rue).
Alors, verrouiller ou ne pas verrouiller ? Telle est la question.
Francine D. Pelletier
*DPJ : Directeur de la Protection de la Jeunesse.
Demain : « Besoin de protection et droit de liberté »