Voici une phrase que j’ai entendue de la bouche d’un moine que j’ai rencontré jadis : « Les plus mortifiés sont les plus mortifiants ».
La mortification n’est plus à la mode aujourd’hui ! Détrompez-vous, elle est plus que présente dans nos vies et c’est même une cause de maladie pour plusieurs. Je vous expose quelques cas :
•le travail qui n’en finit plus, des heures et des heures pour soutenir parfois deux familles, ses propres enfants et ceux de son conjoint ou de sa conjointe, les soirées tardives où l’on se dépêche pour aller reconduire ou chercher quelqu’un au métro, faire du shopping, les repas et le petit dernier à ne pas oublier à la garderie;
•la femme enceinte qui va au boulot le plus longtemps possible pour bénéficier de son congé de maternité, qui doit aussi continuer à avoir une vie sexuelle active malgré sa fatigue et celle de son conjoint, pour soulager les craintes d’une possible séparation;
•l’adolescent ou l’adolescente qui s’inflige le piercing, qui vous traite avec mépris et qu’il faut ménager pour ne pas le ou la traumatiser;
•une petite saucette au resto au moins une fois par semaine pour atténuer les crises familiales ;
•et j’en passe…
Vous avouerez qu’il y a beaucoup de mortifiés et de mortifiants dans tout cela. Assez curieusement, nous sommes attirés par les choses difficiles. Il n’y a rien de plus plate qu’une vie sans aventure, sans souffrance et sans combat. Donc, ce n’est pas parce qu’on ne parle plus de mortification qu’elle n’existe plus. Le cilice serait un moindre mal comparativement à ce que certains endurent volontairement.
Ces mortifiés sont difficiles à aider, ils ne voient pas qu’ils sont malades… La seule manière pour eux d’envisager leur guérison, c’est de tomber en surmenage. Mais la maladie les guérira-t-elle ?
Colombe LeRoy
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