Vous est-il arrivé au détour d’un grenier
Ou devant la croisée d’un bâtiment fermier,
De surprendre à son œuvre, aux regards insensible,
L’araignée affairée à tricoter sa cible?
Du montant au linteau elle étend ses fuseaux,
Sans devis ni marteau se déploie son réseau.
Repasse la navette, au merveilleux tissage,
Dévidant sous bavette un robuste filage
Conçu pour outiller l’instinct du prédateur
Et rendre courtoisie au prochain visiteur…
Bientôt va commencer le redoutable siège,
Au point de convergence attend un fin stratège;
Pour lui point d’inquiétude, il sait laisser venir
Les trop nombreux badauds, garants de l’avenir,
Qui naviguent au vent ou surfent sur les vagues,
Insouciants du présent, convoités par la drague.
La toile en ce monde, le couvre comme mer;
Ses marées l’inondent, l’enlacent et le resserrent.
Visitez ses plages: vous verrez du bon, certes;
Qu’accoster tout rivage ne vous déconcerte.
On ne peut qu’apprécier d’obtenir dans l’instant
Et tenter de sonder un possible enivrant,
Mais à trop taquiner l’attrayante armature
On pourrait patiner à suivre son allure.
De paroles et d’images elle endort les esprits
La nuit, c’est à regret qu’ils rejoignent leurs lits;
Loin, jusqu’en leur sommeil, ils traînent ses mirages,
Encore à leur éveil, répètent ses messages.
Persistez sans défaut à palper le réel
Le Ciel a ses canaux, sans rien de virtuel.
Sans alarme notez que l’informe araignée
Ne demande sur vous constamment qu’à régner;
Que naviguer la toile vous soit un apport
Mais non pas votre étoile pour atteindre au port.
Marc Paré