Dans la lettre apostolique du 19 mars 1961, intitulée en italien «Le voci», Jean XXIII rappelle les textes de ses prédécesseurs, de Pie IX à Pie XII, sur Joseph. C’est dans cette lettre qu’il confie la préparation et le bon déroulement du Concile à Joseph.
Il y annonce aussi que la présence de Joseph dans la basilique Saint-Pierre de Rome devra être soulignée davantage.
Puis, en octobre 1962, il offre son anneau papal à Joseph: il l’envoie en Pologne au sanctuaire de Kalisz, où l’on vénère un tableau très particulier dit «de Joseph». L’histoire de ce tableau est révélatrice.
En 1670, dans les environs de Kalisz en Pologne, un homme du nom de Stobienia, atteint d’une grave maladie, priait Joseph, patron de la bonne mort, afin de se préparer à mourir. Une nuit, il vit Joseph lui annonçant qu’il guérirait s’il faisait peindre un tableau de la sainte famille comportant l’inscription «Allez à Joseph». Stobienia fit peindre le tableau selon les indications de Joseph et il guérit. Ce tableau est depuis objet de vénération, de pèlerinages et plusieurs bienfaits ont été accordés à ceux qui prient en sa présence.
Ce tableau, peint selon les indications de Joseph, est très significatif, car il représente à la fois la Trinité et la sainte famille. Découvrir Joseph en lien avec Marie et Jésus signifie donc s’ouvrir à des relations interpersonnelles à l’image de la Trinité. En orientant l’Église vers Joseph, Jean XXIII ouvre, par le même mouvement, une réflexion sur l’image humaine de la Trinité. C’est une invitation à tous les humains à entrer dans leur véritable vocation, celle de vivre à l’image de Dieu (Genèse 1, 27).
Pour bien souligner son désir d’ouvrir la réflexion sur Joseph dans l’Église, Jean XXIII fit insérer la mention de Joseph dans le Canon de la messe, le 8 décembre 1962. Voici un extrait du texte officiel:
«Suivant l’exemple de ses prédécesseurs, S.S. Jean XXIII, après avoir déclaré saint Joseph protecteur du IIe Concile du Vatican convoqué par lui, a, de son propre mouvement, voulu que son nom soit invoqué dans le canon de la messe comme un souvenir et un fruit attendu de ce même Concile.» (Décret de la Congrégation des Rites par lequel le nom de St Joseph est introduit au canon de la messe, publié dans l’Osservatore Romano du 1er décembre 1962)
Ce fut certainement sous l’effet d’une inspiration que Jean XXIII déclencha le Concile. Il est possible de penser que le fait de le confier à Joseph fait partie de la même inspiration.
Jean-Paul II a poursuivi dans le même sens. Il s’est inspiré du geste de Jean XXIII et le cite lorsqu’il fait passer son «anneau du pêcheur» à la main de saint Joseph, en l’église des Carmes de Wadowice, sanctuaire dédié à saint Joseph, le 19 mars 2004.
Avons-nous négligé la portée de ces gestes dans la réflexion et la pastorale de l’Église ?
Ce que vous racontez est à peine croyable. À bien y penser, que Jean XXIII doive « inover » pour simplement « insérer la mention de St-Joseph dans le Canon de la messe » est déjà, les mots m’échappent, sinon scandaleux, au moins incompréhensible. Je n’avais pas réalisé à quel point tout cela est illogique que St-Joseph ne soit pas plus présent que ça dans la liturgie et dans l’église. Ma foi, est-il considéré comme « personna non grata »? Qu’a-t-il fait de mal pour que, après avoir été le père adoptif de Jésus, ce qui n’est quand même pas un crime, on l’oublie ainsi? Que se passe-t-il? Il faut qu’on pose la question à nos pasteurs!
Joseph est le Patron de l’Eglise universelle et le Gardien, si on ne le prie presque jamais dans la prière officielle de l’Eglise (comme le Canon de la messe), comment peut-il exercer son « mandat ».
Voir à ce sujet les blogs de Francine D. Pelletier sur ce site:
http://poste-restante.net/2010/10/04/joseph-et-une-eglise-ouverte/
À force de vous lire, il me vient plusieurs réflexions. Vous y avez probablement répondu car le contenu est très dense. Mais je me pose aussi cette question, pourquoi en général dans nos têtes on préfère Jésus à Joseph.
Dans l’Eglise ont mets un accent sur Jésus parce qu’il est prêtre ?
Es-ce parce que Joseph dans une certaine perception est en dessous de Marie et que Jésus est au dessus de Marie ?
On ne veux pas d’une image masculine qui obéi à la femme ?
Les prêtres préfèrent refléter l’image de Jésus plutôt que Joseph ? (pour ne pas obéir à la femme ?)
D’où vient cette réticence à ne pas intégrer Joseph ?
Je parle aussi pour moi même, c’est à vous lire que je me suis ravisée et que je fais l’effort de l’intégrer dans mes prières pour refaire les bonnes connections dans mon cerveau et vivre d’avantage l’équilibre trinitaire.
Dans une certaine perception entre Joseph et Marie, c’est Marie qui à le leadership.
Entre Jésus et Marie on pense que c’est Jésus qui à le leadership ?
Allons revoir Cana !!!
Dans les deux cas Marie, pourrait-on dire, exerce un leadership ?
Aussi je comprends que l’on mets en général, le focus sur la relation Jésus et Marie.
Si on oublie Joseph, on ne peux pas avoir accès aux clefs de compréhension pour bien vivre les relations trinitaires.
Ce qui est mieux, c’est s’exercer à prier la Ste Famille ?
Comment voyez vous cela avec ce que vous décrivez par rapport à Joseph dans l’Eglise.
Mon commentaire est un peu flou, mais comme vous voyez, vous me brasser les idées.
Bonjour Claudette,
Vous savez ce qui me vient en lisant votre commentaire, c’est le fait qu’on cherche toujours à se positionner par rapport à l’autre. Je regarde le tableau de la Sainte Famille ci-haut, et je ne sens aucun positionnement entre Marie et Joseph, mais plutôt une collaboration active (les deux sont en marche) avec la Trinité, chacun apportant le meilleur de lui même au projet de Dieu.
Je crois que chacun à son tour, exerce le leadership, Joseph lorsqu’il faut quitter pour aller en Égypte, Marie pour lancer Jésus dans sa vie publique à Cana.
…on passe beaucoup de temps à se comparer et se positionner plutôt que de contempler la Ste-Famille et la Trinité afin de comprendre comment bien vivre. Et je crois que si Joseph était, à juste titre, plus présent, on serait moins dans une dynamique de dualité et plus dans une dynamique de complémentarité trinitaire.
Merci de vos éclaircissements. Je regardais le tableau moi-même et cela me faisait du bien, mais vous avez mis des mots sur l’effet que cela me faisait. Je vais méditer cela.
Il y a une chose que j’aimerais savoir. Pourquoi concernant le tableau, Joseph voulait qu’il soit écrit « Allez à Joseph ». De ce que je comprends, c’est comme si Joseph était la clé du futur pour « nous réorienter ». Comme vous m’aider à poursuivre mes réflexions, auriez vous quelque chose de plus développé à me dire sur le « Allez à Joseph ». Vous avez piqué ma curiosité et c’est comme si je ne veux pas lâcher cette piste
Merci d’avance.
Mme Trudelle,
Voici une réflexion qui m’est venue suite à la lecture de votre article.
Je trouve regrettable que dans les églises non seulement on ne mentionne pas le nom de St Joseph lorsqu’on récite le canon de la messe , mais souvent nous cherchons où ils ont placé la statue de St Joseph. Il est à peine présent ! Même dans des monastères nous avons de la difficulté à le trouver. Cherchez St Joseph à l’Abbaye St Benoit, il doit sûrement être là , mais pas à la vue de tous. On montre St Joseph lorsque l’on sort la crèche au mois de décembre , et vite en janvier il retourne dans les boîtes. C’est cela aujourd’hui l’esprit de la sainte famille. C’est du folklore!
Et pourtant comme vous dites « Découvrir Joseph en lien avec Marie et Jésus signifie donc s’ouvrir à des relations interpersonnelles à l’image de la Trinité. » Merci de nous interpeler à méditer sur la sainte famille, on a beaucoup à apprendre!
Je lis vos échanges que je trouve fort intéressants et je poursuis ma réflexion sur l’absence de Joseph dans la réflexion et la pastorale de l’Église.
Vous dites que c’est un problème structurel et je le crois. Ce problème se répercute sur toute la vie de l’Église et sur l’engagement (ou le non-engagement!) des baptisés. Dans ce sens, il me vient une réflexion sur le tableau de Kalisz dont vous parlez, et je vous la partage, même si je ne suis pas certaine de ses répercussions théologiques.
Sur ce fameux tableau, on voit la Trinité et la famille formée de Joseph, Marie et Jésus. On pourrait être porté à associer Joseph au Père, Marie à l’Esprit Saint et évidemment Jésus au Fils. Mais Marie que l’on dit être l’épouse de l’Esprit-Saint, ne peut s’épouser elle-même. En faire l’épouse, en tant que figure de l’Église, de Jésus Époux me paraît étrange, d’autant plus qu’on ne voit plus très bien ce que devient Joseph.
Mais ne pourrions-nous pas voir Marie comme figure du Père, qui nous donne son Fils. Joseph serait alors de l’ordre de l’Esprit Saint : époux de Marie. La non-visibilité de Joseph lors de la vie publique prendrait un sens particulier. Quant à la figure du Père, le « Faites tout ce qu’il vous dira. » des Noces de Cana pourrait être dans la ligne de « Voici mon fils bien-aimé, écoutez-le. »
Croyez-vous que cette réflexion puisse être pertinente au niveau structurel? Vaut-il la peine de l’approfondir?
Avec le début du « Conclave à Rome ,un autre conclave se dessine en France,celui des Femmes.
Effectivement des femmes en France se regroupent pour se poser et répondre à des questions les concernant, voir leur implication dans l’Eglise. Elles disent même qu’il manque une partie au Conclave.
Un questionnement surgit « Effectivement quelle est la place de la femme dans l’Église? »
Au fait quelle serait sa vraie place ?Présentement je n ‘en vois pas…beaucoup.
Pourrait-elle être ordonnée ? Pourquoi pas…
Avec sa force quel serait son apport véritable dans ce système tout masculin?
Vos réflexions seraient appréciées.
Merci
En réponse à votre question, je dirais que cette matière est très délicate, car l’équilibre homme-femme est rempli de nuances.
Parler de « place » est aussi une question délicate car elle implique un positionnement.
Or, celui-ci n’est pas fécond, car il ne s’inscrit pas dans la dynamique du projet évangélique.
En réponse au Concile Vatican II, de plus en plus de baptisés prennent conscience de leur vocation, qui est la réalisation en plénitude de l’évangile.
C’est d’ailleurs dans le baptême que réside l’essentiel de la vocation de chacun des membres de l’Église, y compris pour le clergé.
Dans ces conditions, ordonner des femmes ne serait-il pas simplement déplacer le problème, et entrer dans le positionnement?
Une mise en vis-à-vis polarisante et symétrique (le conclave des femmes en France), ne conduit pas nécessairement à un progrès.
Il faudrait peut-être un travail en profondeur au niveau de notre conception des ministères dans l’Église, et dans un même mouvement, travailler aussi au vécu prophétique de rapports évangéliques entre tous les baptisés, inspiré de Joseph, Marie et Jésus.
Il ne suffit pas d’un printemps, pour faire advenir des choses aussi profondes que l’image de Dieu, homme et femme.
C’est un travail d’envergure, mais qui est à poursuivre pour un réel renouveau de l’Église.
Moi je me demande ce que cherchent réellement les femmes qui veulent une place dans l’institution de l’église, le pouvoir?
Comme l’écrit si bien Sylvie, en tant que baptisés, nous devons entretenir des rapports évangéliques.
Moi j’appelle cela une hiérarchie de services (et non de serviteur, car il n’existe ni maître ni serviteur, nous sommes au service les uns des autres).
N’a-t-on pas rapporté que Jésus a dit que le plus petit est considéré comme le plus grand au royaume de cieux. Je suis pas mal certain qu’il faisait référence au faut que la recherche du pouvoir est malsaine. Le pouvoir en soit n’est pas mauvais, mais il serait préférable de le donner à quelqu’un qui n’en veut pas, car il risque d’être mieux exercé.
Si on est tous à l’écoute de l’esprit-saint, dieu nous choisi tous un rôle à jouer dans l’Église. Pas besoin de faire parti d’une structure pour être pasteur dans son milieu; l’évangélisation n’est pas réservé exclusivement aux prêtres…